© Fondation Maurice Allais
http://www.fondationmauriceallais.org/lhomme/biographie-de-maurice-allais/

Par Georges Prat

Directeur de recherche émérite du CNRS. EconomiX, Université de Paris Nanterre

 

Depuis 1970 jusqu’au milieu des années 80, en plus de son enseignement à l’École des mines de Paris portant sur les conditions d’équilibre et d’efficacité économiques, Maurice Allais a enseigné la théorie monétaire à l’Université de Paris Nanterre (Paris X à l’époque) dans le cadre du 3e cycle de sciences économiques (« diplôme d’études approfondies », nous disons aujourd’hui « Master 2 »). C’est au Pr. André Babeau, à l’époque directeur du département d’économie, que l’on doit la venue d’Allais à Nanterre, et sans doute aussi à l’amitié qui liait Allais et Luc Bourcier de Carbon qui était aussi professeur dans cette université.

 

Ma rencontre avec Maurice Allais

 

J’ai rencontré Maurice Allais pour la première fois en octobre 1971 à l’occasion de son exposé liminaire destiné à présenter ses enseignements devant l’ensemble des étudiants inscrits en 3e cycle de sciences économiques à Nanterre. C’était sa seconde année d’enseignement à Nanterre, et je dois à la vérité de dire que je n’avais guère entendu parler d’Allais jusque-là… Je m’attendais de sa part à un exposé présentant le contenu de son cours de théorie monétaire, comme cela était indiqué sur les programmes. En fait, son exposé traitait principalement de « l’Économique en tant que science ». 1 À l’aide de nombreuses projections graphiques, Allais défendait l’idée qu’il existe dans les sciences sociales des « régularités numériques » aussi frappantes que dans les sciences physiques. Par rapport à tout ce que j’avais entendu et appris durant quatre années d’études en économie, j’avoue avoir été à la fois sous le choc et sous le charme. J’étais émerveillé que de tels phénomènes puissent exister, une nouvelle porte s’ouvrait dans mes études de « science économique » où le mot « science » prenait désormais tout son sens, justifiant pleinement l’idée d’une activité de recherche dans cette discipline. L’idée était d’élaborer des modèles formalisés afin de montrer que, derrière les faits observés nous apparaissant comme désordonnés, il existe des comportements économiques intelligibles et présentant une certaine régularité. Suite à cet exposé, je m’étais renseigné quelque peu sur Maurice Allais et ses publications, et cela m’avait définitivement motivé pour suivre ses enseignements. Après une assez longue audition, ayant eu l’accord du Pr. Allais pour suivre son séminaire de recherche – il fallait travailler sur un sujet de son choix et accepter une discipline de travail, c’était à prendre ou à laisser – j’ai préparé sous sa direction un mémoire de recherche sur les cours boursiers avant de poursuivre avec la préparation d’une thèse de doctorat. Sur sa suggestion et avec son appui, j’ai pu ensuite être recruté en tant que chercheur au CNRS. C’est dire l’étendue de la dette personnelle que j’ai contractée vis-à-vis de Maurice Allais. Au total, j’ai eu le privilège de pouvoir côtoyer Allais de près pendant une quinzaine d’années, de sorte qu’au fil du temps, une forme d’intimité s’était instaurée et c’est en ce sens que le témoignage ci-après peut avoir quelque intérêt additionnel par rapport à la connaissance que peuvent avoir les économistes avertis sur Allais et son oeuvre…

 

1. Allais avait publié un article intitulé « L’économique en tant que science », Revue d’Économie Politique, 1968, 78(1), 5-30.

 

pdf En savoir plus