La réglementation bancaire fait face à de multiples défis qui nécessitent une refonte de la manière dont elle est construite. Dans cet article, nous soutenons l’idée selon laquelle le régulateur devrait se focaliser sur l’élaboration d’une contrainte forte en actions ordinaires, plutôt que sur la mise en place de nombreuses règles complexes comme cela est actuellement le cas. Cependant, l’industrie bancaire s’oppose à une telle contrainte en fonds propres, arguant qu’elle altérerait la rentabilité bancaire. A l’aide de régressions en forêts aléatoires menées sur une importante base de données comportant de nombreuses variables de bilan pour des banques implantées dans 21 pays différents, nous montrons que le ratio de fonds propres sur le total des actifs a un impact positif sur la rentabilité bancaire mesurée par le rendement des actifs (ROAA). Inversement, l’effet de ce ratio sur la valeur actionnariale, mesurée par le rendement des actions (ROAE), est la plupart du temps, faiblement négatif. Ainsi, une contrainte forte en fonds propres ne nuit pas à la rentabilité des banques, mais réduit la valeur actionnariale. C’est probablement la raison pour laquelle l’industrie bancaire s’oppose de façon si virulente à la mise en place d’une telle contrainte.