Dans cet article, nous étudions la façon dont les institutions du marché du travail influencent la façon dont les entreprises font face aux besoins de flexibilité dans la gestion de leur main-d’œuvre. Pour ce faire, nous considérons deux économies très contrastées : la France et le Royaume-Uni. Le marché du travail français est fortement règlementé alors que le marché britannique est beaucoup plus flexible. Nous centrons notre analyse sur le secteur de l’agro-alimentaire qui subit des pressions concurrentielles très similaires dans les deux pays. Notre méthodologie repose sur des études de cas. Nous étudions les formes de flexibilité du travail numérique et fonctionnelle utilisées par les entreprises. Comment et dans quelle mesure les entreprises parviennent-elles à assurer un certain niveau de flexibilité dans des environnements institutionnels différents Quelles en sont les conséquences pour les salariés
Nous montrons que les entreprises utilisent les combinaisons différentes de flexibilité numérique. Un mouvement en faveur de la flexibilité externe du travail semble se manifester au Royaume-Uni alors que la flexibilité interne gagnerait du terrain en France. Notre travail suggère également que l’équilibre entre flexibilité numérique et fonctionnelle ne procède pas d’un simple arbitrage. En France, la flexibilité fonctionnelle est forte pour les salariés permanents alors que la flexibilité fonctionnelle est de mise pour les salariés temporaires peu qualifiés. Au Royaume-Uni, en revanche, la flexibilité fonctionnelle n’apparaît pas comme mode de gestion de la main-d’œuvre permanente. Cela tient probablement en partie au fait que le volant de main-d’œuvre stable est plus important dans les entreprises françaises, mais peut-être surtout au coût du travail élevé qui incite les entreprises à opérer une substitution capital travail.