Les labels sont de plus en plus utilisés, tant par les gouvernements, les entreprises et les ONG, pour sensibiliser les consommateurs, notamment sur les empreintes environnementales. Pourtant, l’efficacité de ces outils d’informationnels est généralement évaluée sur leur capacité à changer les comportements, alors que leur premier objectif est de permettre aux gens de discriminer les produits étiquetés. Cet article étudie comment les informations complexes affichées par les certificats de performance énergétique des logements sont traitées par des agents économiques réels. Au travers d’une expérience de terrain encadrée randomisée sur 3 000 sujets français, nous testons l’impact de ces labels sur la perception qu’ont les ménages de la performance énergétique d’un bien.
Les résultats démontrent que 24% des sujets n’ont pas pris en compte le label énergétique. De manière inattendue, nous découvrons que le genre est la caractéristique la plus différenciante dans cette sensibilité aux certificats de performance énergétique. Nous interprétons cet effet par l’hypothèse de sélectivité: le design des étiquettes d’énergie est plus orienté vers les sujets masculins.
Parmi les sujets sensibles, l’efficacité des étiquettes énergétiques pour transmettre l’information est mitigée: en effet nos résultats indiquent une lecture bayésienne des étiquettes énergie. Si les sujets identifient bien séparément les différentes classes de l’étiquette, et si leur perception n’est pas systématiquement biaisée par les caractéristiques individuelles, des caractéristiques idiosyncratiques brouillent leur jugement. De plus, cette perception présente de fortes asymétries. Si les mauvaises catégories induisent des jugements décroissants, l’amélioration de la classe indiquée par le diagnostic de performance énergétique n’augmente pas fortement l’évaluation de la qualité énergétique: au contraire, les sujets faisant face à la meilleure classe (A) semblent être sceptiques et le bruit idiosyncratique en est renforcé.