Après une mise au point sur le contexte législatif et institutionnel du débat sur la législation du travail féminin, l’article montre que les positions politiques très diverses des économistes dans ce débat s’insèrent dans des discours théoriques. Un premier discours que nous qualifions de “moral” représente l’activité économique de la femme comme “naturellement” différente de celle de l’homme et relevant uniquement de la sphère familiale, c’est-à-dire d’un registre social indépendant des relations marchandes. D’autres auteurs pensent que la femme doit être considé-rée comme un agent économique comparable (ce qui ne veut pas dire nécessairement égal) à l’homo œconomicus masculin. Puis, l’influence de Darwin à la fin du XIXe siècle entraîne une “naturalisation” de la division sexuelle des tâches. De fait, Marshall nous présente deux agents économiques différenciés du fait de leurs caractéristiques physiologiques. Ces différences dans la “nature” des deux sexes se traduisent désormais en termes économiques.