En exploitant les données d’enquête de Consensus Economics aux horizons de 3 et 12 mois et sur la période étendue de 30 ans, nous montrons que les anticipations du prix du pétrole ne sont pas rationnelles, impliquant que la prime de risque ex-ante est un concept plus pertinent que la prime ex-post largement envisagé dans la littérature. Nous proposons un modèle de choix de portefeuille où l’investisseur représentatif maximise l’utilité espérée de sa richesse future qui dépend d’une combinaison d’actifs pétrole et d’un actif sans risque. La solution de ce programme conduit à représenter la prime de risque comme le produit du prix de risque et de la variance anticipée de la rentabilité du pétrole. Nous montrons que l’investisseur peut éprouver de l’aversion ou de la préférence au risque selon l’état de la nature, et le prix du risque est alors respectivement de signe positif ou négatif. Le prix du risque et la volatilité attendue étant non observables, nous spécifions la prime de risque ex-ante sous la forme d’un modèle espace-état où le prix du risque est représenté comme une variable stochastique latente et où la variance anticipée dépend des volatilités observées présente et passées. L’estimation par le filtre de Kalman de ce modèle conduit à mettre en évidence des disparités des prix du risque suivant les horizons : des fluctuations plus amples et un comportement de préférence pour le risque sont associés avec les horizons courts, et des fluctuations plus faibles et une attitude d’aversion au risque caractérisent les horizons plus étendus. Nos résultats sont conformes aux prédictions de la théorie des perspectives selon lesquelles l’aversion au risque est prépondérante dans les conjectures de gains et la recherche du risque l’est dans les conjectures de pertes. Nous montrons que le prix du risque dépend de facteurs macroéconomiques, financières et de facteurs spécifiques au marché du pétrole. Enfin, une structure par terme positif des primes de risque ex-ante semble s’imposer en moyenne sur la période.