Le canal de transmission le plus direct de la politique monétaire aux ménages est la modification des taux directeurs de la BCE. Les emprunteurs ayant des prêts en cours à taux variable sont confrontés à des changements de conditions de financement qui ont des conséquences importantes sur leur situation financière. Dans cet article, nous étudions l’impact de ces changements de politique monétaire sur le défaut de crédit au logement sur la période 2004-2015. Nous utilisons un vaste panel de prêts au logement français pour reconstruire les tableaux d’amortissement sur la durée de vie de chaque prêt et calculer les variations des paiements trimestriels dus à l’action de la politique monétaire, et utilisant des modèles de survie pour analyser l’impact sur la probabilité de défaut. Notre base de données permet l’hypothèse de l’absence de défaut stratégique dans notre analyse, qui isole le défaut involontaire dans nos estimations, contrairement à d’autres papiers. Premièrement, nous constatons qu’une augmentation de 100 pb du paiement trimestriel induite par les variations de l’Euribor 3 mois augmente la probabilité de défaut d’environ 5%. Deuxièmement, nous identifions la stabilité de l’emploi comme un facteur d’assurance majeur contre la hausse des taux directeurs pendant les mesures de politique monétaire restrictive. Enfin, nous fournissons des preuves de l’existence d’une auto-sélection de profils d’emprunteurs plus risqués dans les prêts à taux variable. La préoccupation concernant le montant des paiements sur les prêts à taux variable revêt une importance accrue dans un contexte de politique monétaire caractérisé par une incertitude sur le timing d’une augmentation des taux après une période prolongée de taux bas ou négatifs.