Malgré l’existence de données maritimes historiques détaillant les escales quotidiennes de la flotte de commerce mondiale, aucune analyse longitudinale n’a été jusqu’ici proposée en vue de fournir un aperçu global de la répartition changeante de ces flux maritimes. Ce travail a pu extraire près d’un million de mouvements des archives imprimées de Lloyd’s List pour construire le réseau maritime mondial et analyser ses dimensions topologiques et spatiales de la fin du 19ème siècle à nos jours. Cette analyse se base sur le concept de « réseau urbain maritime », qui s’intéresse à l’interdépendance entre taille urbaine et connectivité maritime. Les principaux résultats montrent un parallélisme certain entre plusieurs tendances : un glissement du centre de gravité de l’Atlantique au Pacifique et une topologie de plus en plus polycentrique. De plus, la friction spatiale de la distance évolua dans deux directions : décroissante au niveau des arrière-pays grâce à une connectivité accrue à terre entre ports et villes majeures portuaires ou non-portuaires ; mais croissante au niveau maritime, à l’instar des travaux récents sur la dimension gravitaire persistante du commerce international. Au niveau régional, la taille urbaine, mesurée par la population, reste un déterminant important de la répartition des flux maritimes, malgré la séparation physique ville-port au niveau local.