L’article s’intéresse au cas d’un oligopole où l’activité de production des firmes créée un dommage environnemental joint et indivisible. Nous étudions d’abord les effets de différents régimes de responsabilité environnementale sur l’équilibre de l’oligopole, et ensuite nous discutons les justifications de politiques de la concurrence « non conventionnelles », c’est-à-dire guidées par l’intérêt collectif incluant la préservation de la santé humaine ou de l’environnement. Nous analysons les décisions des firmes en termes d’output et de mesures environnementales sous différents régimes de responsabilité (responsabilité stricte vs pour faute), associés à différentes règles de partage des dommages (par tête vs par parts de marché), et avec un multiplicateur de dommages. Nous montrons qu’un droit de la responsabilité environnementale basé sur la combinaison de la responsabilité stricte, la règle de partage des dommages par tête, et un multiplicateur de dommage optimal, est compatible avec une politique de la concurrence « conservatrice » motivée par le surplus des consommateurs, dans la mesure où un affaiblissement du pouvoir de marché des firmes accroit aussi les dépenses agrégées de préservation de l’environnement et le bien-être social. Au contraire, l’adoption d’un régime de responsabilité pour faute, ou de la règle de partage des dommages par parts de marché, peut justifier des restrictions de concurrence, car l’entrée des firmes peut conduire à une diminution des dépenses environnementales agrégées et entrainer des pertes de bien-être social. Néanmoins, le fine tuning suppose que l’Autorité de la Concurrence dispose d’informations spécifiques que nous discutons.