La croissance rapide de la Chine durant la dernière décennie a été l’un des principaux moteurs de l’augmentation de la demande et des prix des matières premières minérales. Alors que la soutenabilité du modèle de croissance chinois soulève des interrogations, ce papier étudie l’impact potentiel d’un fort ralentissement de l’économie chinoise sur les autres pays, avec une attention particulière aux canaux des prix des matières premières et du commerce. Après une revue des principaux arguments pointant vers un fort ralentissement – précédents historiques de rééquilibrage, surinvestissement, dynamique de la dette, possible bulle immobilière – nous nous concentrons sur un échantillon de 36 pays et utilisons un modèle global VAR adapté aux prévisions conditionnelles afin de simuler l’impact d’un fort ralentissement de l’économie chinoise. Nous modélisons les marchés des métaux et du pétrole séparément pour tenir compte du rôle différencié de la Chine sur ces marchés, et nous identifions trois canaux de transmission affectant les exportateurs de matières premières : volume d’exports, effet revenu (via les prix des matières premières), et investissement (une chute des prix réduisant les incitations à investir dans les secteurs minier et énergétique). Nous analysons aussi le rôle d’amortisseur joué par le taux de change. D’après nos estimations, les pays émergents (hors Chine) seraient les plus fortement impactés avec une perte cumulée de croissance sur 5 ans d’environ 7,5%, notamment en Asie du Sud-Est mais aussi dans les régions exportatrices de matières premières comme l’Amérique latine ; les pays avancés seraient moins affectés. L’écart de croissance entre pays émergents et avancés se réduirait considérablement, conduisant à un recouplage partiel.