Dans les démocraties occidentales, les dernières décennies connaissent une transformation de la relation unissant les citoyens à leurs représentants, à travers des exigences accrues de responsabilité, de transparence et de lutte contre la corruption. Mais ces évolutions sont parfois soupçonnées d’avoir l’effet paradoxal de nourrir le populisme et de réduire la confiance politique. Dans cet article, nous étudions dans quelle mesure une institution tierce en charge du contrôle de l’intégrité des élus est susceptible de rétablir la confiance des citoyens envers le système démocratique. Notre étude porte sur le cas de la France et de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP), lancée en 2013. Nous menons une enquête auprès d’un échantillon représentatif de 3000 citoyens et d’une trentaine d’experts, comportant un traitement expérimental consistant à fournir aléatoirement de l’information sur l’activité de la HATVP. Nos résultats montrent une forte divergence entre les opinions du citoyen moyen et celles bien plus optimistes des experts à propos de l’état et de la dynamique de l’intégrité politique en France. Deuxièmement, ce sont les citoyens manifestant le plus fort degré de défiance politique, défiance corrélée aux votes populistes et à l’abstention, qui sont en même temps les moins confiants et les moins informés quant à l’activité de la HATVP. Troisièmement, le traitement expérimental a des effets positifs conséquents sur les perceptions des répondants vis-à-vis de la HATVP, de la transparence des élus et de la démocratie représentative. De plus, les citoyens les plus défiants et les moins informés tendent à réagir plus fortement à l’information fournie, ce qui souligne l’enjeu de mieux communiquer et informer les citoyens – en particulier les plus désabusés – pour changer leurs perceptions et leurs attitudes politiques.