Les enquêtes semestrielles menées par J. Livingston auprès d’un panel d’experts ont permis d’évaluer sur le marché américain les rendements espérés en t pour le semestre suivant [t+1, t+2] liés à la détention du portefeuille d’actions industrielles S&P. Il est ainsi possible de calculer quelques 3000 primes de risque individuelles ex-ante pour les 82 semestres couvrant la période 1952-1993, chaque prime étant définie à la date t comme la différence entre le taux de rendement espéré par l’expert et le taux d’intérêt des bons du Trésor américain. Par rapport aux contributions de la littérature, l’originalité de notre apport réside en l’analyse de primes de risque ex-ante dérivées de données d’enquête, effectuée au niveau individuel, par date et sur une longue période. Trois enseignements essentiels découlent de cette étude. Tout d’abord, les valeurs moyennes des primes sont plus proches des prédictions associées au modèle d’évaluation d’actions basé sur l’équilibre du consommateur que ne le sont les primes ex-post généralement considérées dans la littérature. En second lieu, l’affiliation professionnelle des experts interrogés se révèle être un critère pertinent de discrimination des primes. Enfin, et en accord avec le Modèle d’Evaluation par Arbitrage (APT), les primes individuelles étudiées dépendent d’un ensemble de facteurs communs macro-économiques et idiosyncratiques : les premiers correspondent aux variables macro-environnementales observables par tous les agents; les seconds facteurs traduisent les anticipations personnelles des experts sur la situation future de l’économie, telles que l’inflation attendue et le taux de croissance prévu de la production industrielle.