Le texte traite d’une forme particulière de crise monétaire : la contestation du principe nominal. Il cherche à analyser ce type de crises dans le cadre spécifique de l’Allemagne du vingtième siècle et en utilisant comme sources les procédures judiciaires auxquelles ont pu donner lieu ces contestations. On évoque ainsi les litiges des années vingt au sujet de la revalorisation des créances auxquelles l’hyperinflation avait fait perdre toute valeur, le procès du troc dans les années quarante et le questionnement de la protection juridique visant à empêcher un retour de l’indexation pendant les années soixante et soixante dix. Ces formes de remise en cause du principe nominal constituent, pour les individus, un moyen de lutter contre l’arbitraire qu’il peut comporter dans les situations de crise. Les procédures judiciaires liées à cette remise en cause montrent néanmoins que le recours à des indices de revalorisation ou d’indexation ne permet pas d’objectiver les situations individuelles, d’éviter les conflits à l’intérieur des relations contractuelles et donc de favoriser leur développement. Au contraire, c’est bien le respect du principe nominal qui apparaît, en tant qu’il autorise des évaluations globales, comme une condition préalable du développement de la rationalité individuelle et donc des relations contractuelles.