La coordination est un concept central de l’économie du développement depuis ses débuts à l’époque de la seconde guerre mondiale, avec les notions d’effets d’entraînement, d’équilibres multiples et de trappes à sous-développement. Ce concept est revenu au premier plan dans les années 70 avec les notions de défaut de coordination et de trappes à pauvreté, ainsi qu’avec les recherches sur les normes sociales – par exemple avec le concept de « trappe à pauvreté institutionnelle » élaboré par Samuel Bowles. En premier lieu, on soutient que les institutions et les normes constituent des déterminants essentiels de la formation et de la persistance de trappes à pauvreté, parce qu’elles impliquent des mécanismes cognitifs complexes où certaines croyances apparaissent plus résilientes que d’autres. En second lieu, on suggère que ce ne sont pas des formes institutionnelles spécifiques qui induisent ex ante les trappes à pauvreté, car selon les contextes elles peuvent être ou non efficaces, mais que ce sont les combinaisons d’éléments multiples – environnements économique et politique, normes sociales – qui créent des effets de seuil et piègent des groupes sociaux entiers dans des équilibres inférieurs. En troisième lieu, on montre que les normes organisant les appartenances, parce qu’elles impliquent des croyances particulièrement difficiles à réviser, sont typiquement des facteurs de trappes à pauvreté.