Les technologies d’énergie renouvelable sont appelées à jouer un rôle crucial dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). La plupart de ces technologies n’étant pas encore parvenues à la parité réseau, des politiques publiques ont été mises en place afin de favoriser leur déploiement. L’approche qui a été privilégiée en Europe est l’approche dite demand-pull qui vise à créer une demande pour ces nouvelles technologies et à stimuler leur diffusion. Cet article examine l’effet de ces politiques de stimulation de la demande sur la diffusion de l’éolien terrestre dans six pays européens: le Danemark, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Portugal et l’Espagne. Dans un premier temps, un modèle de diffusion micro-fondé est calibré afin de répliquer la diffusion observée de l’énergie éolienne dans ces six pays. Dans un deuxième temps, une analyse contrefactuelle est menée en étudiant plusieurs scénarios. En tenant compte de la dynamique auto-entretenue complexe de la diffusion et des retombées de l’apprentissage qui s’exercent dans le secteur de l’énergie éolienne, nous pouvons tirer plusieurs conclusions quant à l’effet des politiques demand-pull. Tout d’abord, l’impact d’une telle politique sur la diffusion de l’énergie éolienne dépend du stade auquel elle intervient. L’effet semble être plus fort au début de la diffusion. Deuxièmement, des spillovers entre pays sont à l’oeuvre dans le secteur de l’énergie éolienne. Ces derniers ne sont cependant pas assez forts pour favoriser la diffusion de l’énergie éolienne dans un pays qui ne bénéficie pas en parallèle d’une politique de stimulation de la demande. Nous pouvons déduire de ces deux affirmations qu’une stratégie consistant à ne pas mettre en œuvre une politique demand-pull, en espérant que les spillovers internationaux réduiront le coût de l’énergie éolienne et favoriseront la diffusion de la technologie qui deviendra alors compétitive, n’est pas une bonne option pour un pays ciblant une part importante d’énergie éolienne dans son mix énergétique.