On a observé pendant de nombreuses décennies une forte centralisation de la production énergétique au niveau national. Cela s’est manifesté concrètement par un éloignement croissant des lieux de production des lieux de consommation ; et une des conséquences directes de cette évolution a été de faire perdre au citoyen le contrôle de ses usages énergétiques.
On observe depuis quelques années un autre mouvement, jouant en sens opposé mais qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans l’opinion publique, comme à l’agenda politique. Il s’agit de la prise de conscience grandissante de la communauté internationale sur la nécessité de maîtriser la demande d’énergie – pour des raisons d’indépendance énergétique notamment – et de lutter contre le changement climatique, en limitant les émissions de gaz à effet de serre (GES) ; bref, de s’inscrire dans une véritable perspective de développement durable. Cette prise de conscience collective, fortement impulsée par les acteurs de la société civile (citoyens, ONG, etc.), se traduit aujourd’hui par de profondes réorientations dans les choix de politiques énergétiques nationales et territoriales.
Ainsi, pour les mêmes raisons – plus forte indépendance énergétique, lutte contre le changement climatique et volonté de s’inscrire dans une dynamique de croissance durable –, les territoires investissent de plus en plus dans des énergies renouvelables (ENR). Ces énergies, plutôt décentralisées au niveau de ces territoires, procurent à ces derniers un triple avantage :
– par l’usage prioritaire des ressources locales, elles participent au développement local ;
– en modifiant les équilibres de pouvoir entre « consommateurs » et « producteurs », elles contribuent quelque part à redéfinir le lien social local et participent donc à la cohésion sociale et territoriale ;
– enfin, ces énergies émettent très peu de GES, elles participent donc par nature à la lutte contre le changement climatique.
Ces évolutions dans les choix d’orientation des politiques énergétiques des territoires, caractérisées principalement par des investissements, souvent massifs, dans les ENR, ne seront pas sans conséquences sur l’évolution future de l’architecture du système énergétique national. Et, on observe aujourd’hui un large consensus entre les experts sur le fait que cette évolution du système, ou tout simplement la capacité pour les territoires de mettre en œuvre de véritables politiques énergétiques durables à moyen et long termes, dépendra fortement du degré de pénétration/diffusion de technologies nouvelles à tous les stades des filières de production des ENR.
De nombreuses zones d’incertitude subsistent néanmoins concernant ces scénarios d’évolutions futures. Il s’agit en particulier des possibles conséquences sociales à court terme de la transition vers cette croissance durable, qui ne surviendra qu’à moyen et long termes mais qu’il est indispensable d’anticiper dès aujourd’hui ; et du rôle qui sera réservé aux différents acteurs, locaux principalement, et leur degré d’implication dans le processus de décision.