L’article est une étude de la naissance et des développements pré – marginalistes de l’idée
d’une relation entre prix et quantité produite. Les travaux de trois auteurs allemands (F.B.W
von Hermann, 1832 ; K.H. Rau, 1841 ; H. von Mangoldt, 1863) montrent que cette idée
résulte de la réinterprétation, à l’aide d’outils algébriques et géométriques, de thèses
initialement formulées par les économistes classiques dans un cadre théorique différent.
Malgré leurs limites (l’incapacité d’exploiter pleinement les potentialités des mathématiques
en tant que moyens de découverte ; la séparation entre algèbre et géométrie ; la
correspondance imparfaite entre contenu économique et forme mathématique), ces premières
mathématisations ont contribué à l’évolution de la théorie économique, en favorisant la
transition de la pensée classique à l’affirmation de l’école néoclassique. Alors que la théorie
classique fait ressortir l’hétérogénéité des phénomènes sous-jacents à la forme des fonctions
de coût, les instruments mathématiques utilisés en suggèrent plutôt une interprétation en
termes de symétrie et d’unité. Ces contributions à l’économie mathématique préfigurent ainsi
l’idée marshallienne d’une loi unique, pouvant expliquer toute forme de la courbe d’offre.