Ce document explore les relations entre institutions, croissance
et pauvreté. Il présente la multiplicité des liens de causalité qui lient ces trois termes. Le rôle essentiel des
institutions en matière de développement comme de réduction de la pauvreté fait actuellement l’objet d’un consensus.
Néanmoins, les définitions de ces trois notions tout comme
la nature des liens qui les relient sont encore controversées.
L’étude montre le rôle essentiel des institutions dans
les processus conduisant à la pauvreté ou permettant d’en
sortir. Leur place et leur rôle expliquent le caractère endogène de ces processus ; elles sont à l’origine de nombreux effets de seuils et de trappes à pauvreté.
La lutte contre la pauvreté est devenue une question importante
pour les économistes du développement ainsi qu’un
enjeu majeur pour les institutions et les agences d’aide bi
ou multilatérales. Le rôle crucial des institutions dans les
dynamiques de croissance comme dans les logiques de pauvreté, est désormais lui aussi reconnu, en particulier
grâce à l’économie institutionnaliste. Néanmoins, malgré
cette reconnaissance, l’analyse du rôle des institutions dans les processus de pauvreté et dans l’élaboration des
politiques pour lutter contre cette pauvreté, reste une tâche
délicate. Les difficultés sont multiples.
Tout d’abord, les définitions de la pauvreté varient beaucoup, tout comme celles de la notion d’institution. Ensuite,
il est difficile d’analyser la place des institutions dans les
processus de croissance économique et de réduction de la
pauvreté : en effet de multiples liens de causalité interviennent,
et les processus en jeu ont une dimension très
endogène. Les effets de seuils peuvent ainsi aussi bien induire des cercles vertueux que des trappes à pauvreté.
Les prédictions ex ante sur l’impact des institutions comme
de certaines mesures, sur la croissance économique ou sur
la réduction de la pauvreté, s’avèrent donc extrêmement difficiles à réaliser.
La première partie de ce document présente la notion d’institution
dans le sens que lui donnent les institutions financières
internationales. La seconde partie analyse la complexité de la notion de pauvreté et des relations entre trois
termes : institutions et normes sociales, croissance et pauvreté.
Loin d’être purement conceptuels, ces débats sont cruciaux pour évaluer l’efficacité effective des réformes :
selon qu’elles appréhendent correctement les rôles respectifs des facteurs institutionnels et non institutionnels, elles
agissent ou non sur les éléments déterminants de la croissance et de la pauvreté.