L’objet de cet article est de s’interroger sur la paternité keynésienne de l’approche monétaire contemporaine. Pour cela, on met en parallèle deux interprétations de la liquidité dans le Treatise on Money. La première reprend l’approche traditionnelle selon laquelle Keynes considère la liquidité à travers le lien entre monnaie et actifs, ce qui renvoie au choix de composition du patrimoine. La seconde interprétation, qui représente l’apport principal de ce texte, résulte du fait que Keynes perçoit une limite à une telle analyse dès lors que celle-ci rend envisageable l’élimination de la monnaie (lorsqu’elle se trouve en concurrence avec d’autres actifs). Selon cette seconde interprétation, la liquidité est définie fondamentalement comme un intermédiaire des échanges. Notre démonstration s’appuie sur une comparaison de la structure des équations fondamentales avec la règle de formation des prix de Cantillon. La discussion porte ensuite sur les conséquences théoriques d’une telle approche. Finalement, on ne peut attribuer à Keynes la paternité des fondements de la théorie monétaire standard que si on élude la détermination des prix qu’il expose dans Treatise on Money.