La mutation financière initiée à partir des années quatre-vingt a profondément modifié nos sociétés en faisant entrer la finance dans le quotidien des Etats, des entreprises et des ménages. Elle a aussi ébranlé le secteur bancaire. La déréglementation financière a mis fin au cloisonnement des activités. Les banques, en conservant leurs prérogatives historiques, sont entrées dans l’espace de la finance, tant en termes de services proposés que de modalités de financement, de culture, d’organisation. Les monopoles historiques nationaux ont disparu, des conglomérats mondiaux ont émergé et les normes financières globales sont entrées dans les succursales bancaires provinciales. Cette évolution s’est produite tout au long des décennies quatre-vingt-dix et deux mille avec une succession de fusions et la disparition progressive des intermédiaires financiers indépendants. Cet article se propose d’examiner comment, de façon assez paradoxale, l’entrée dans une économie financiarisée a eu pour conséquence la domination des banques et la disparition des acteurs financiers. Nous étudierons l’évolution du bilan bancaire, de l’organisation des banques et de leur nouveau rôle dans cette économie financiarisée.