Dans deux textes récents, en 2012 et 2013, Olivier Favereau use d’une nouvelle expression, celle de « mauvaise convention ». Il l’utilise pour présenter le message de John Maynard Keynes dans la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936). […] Or, paradoxalement, la notion de mauvaise convention que nous avons proposée en 2005, Philippe Batifoulier et moi, est issue de l’autre volet des théories des conventions ; elle ne doit pas grand-chose à l’Économie des conventions, elle est née de notre lecture critique de la modélisation des conventions par la théorie des jeux. Par essence liée à la question de l’optimalité d’un équilibre dans une matrice des gains, notre notion trouve sa place dans une argumentation conventionnaliste sans formalisation car elle manifeste à l’extrême, même si c’est de manière négative, le caractère normatif des conventions ; et ce, aussi bien du point de vue de l’observateur ou modélisateur de la coordination que de celui des joueurs ou acteurs plongés dans la coordination. Je propose donc d’examiner comment cette dimension normative est traitée chez trois auteurs phares de l’approche par la théorie des jeux avant de revenir à l’Économie des conventions et à la posture d’Olivier Favereau.