Dans la plupart des disciplines, la nature du temps a suscité d’âpres débats entre les tenants d’un temps linéaire objectivé et les partisans d’un temps subjectivement perçu par les individus. De manière surprenante, l’économie est une des rares disciplines où la nature du temps n’a guère éveillé l’intérêt des chercheurs. Cela s’explique par l’omniprésence d’une hypothèse implicite que nous appelons « temps linéaire ». Cette hypothèse est, selon nous, source de blocages dans le développement de la théorie de la décision. Elle empêche d’une part de conférer à l’actualisation une base comportementale solide et restreint, d’autre part, la rationalité, incarnée par la cohérence temporelle, à l’actualisation exponentielle. Nous montrons que l’introduction d’un temps subjectivement perçu par les agents économiques, par l’intermédiaire d’un concept appelé « distance temporelle », permet de lever ces deux blocages et offre une interprétation nouvelle à un ensemble de situations de choix intertemporels.