Ce travail s’intéresse aux approches théoriques de l’entreprise coopérative (ou autogérée).
On revient, dans un premier temps, sur les analyses économiques de l’entreprise coopérative par le
courant dominant de la théorie économique. Les apports de l’économie néoclassique et néoinstitutionnelle
dans ce domaine sont présentés et critiqués. Le coeur de l’article est consacré au
développement d’une approche institutionnelle et non-standard de l’entreprise coopérative. Pour
cela, on s’appuie notamment sur les travaux d’Albert Hirschman, d’Amartya Sen et de l’Economie des
Conventions, des textes de philosophie politique sont également mobilisés (Rosanvallon, Ricoeur,
Berlin). Une telle démarche suppose de prendre en compte la complexité des comportements
individuels et les capacités réflexives des individus (concept de métapréférence), ce qui a des
conséquences directes sur l’analyse que l’on peut faire de l’entreprise coopérative. On se propose
alors de caractériser cette dernière comme une forme d’organisation politico-économique originale -
permettant l’expression d’une réflexivité de nature collective portant sur des objectifs, des règles
mais aussi des valeurs- dans laquelle les individus construisent eux-mêmes l’environnement
institutionnel qui supporte la coordination dans l’activité productive.