Les concepts de coordination et de coordination constituent des concepts centraux en économie, notamment pour
la théorie des jeux. Ils ont également fait partie des fondations de l’économie du développement à l’époque de la seconde guerre mondiale, avec les notions élaborées par Paul Rosenstein-Rodan d’effets d’entraînement entre secteurs, d’équilibres multiples et de trappes à sous-développement. Ces concepts sont revenus au premier plan
des théories du développement dans les années 70 avec les notions de défaut de coordination et de trappes à pauvreté, ainsi qu’avec les recherches sur les normes sociales – par exemple avec le concept de « trappes à
pauvreté institutionnelles » élaboré par Samuel Bowles, définies comme des institutions fortement inégalitaires
persistant dans le temps malgré leur inefficience. Les institutions régulant les appartenances sont
particulièrement pertinentes dans les pays en développement et par là même en économie du développement. Les
dimensions cognitives des défauts de coordination et des trappes institutionnelles sont analysées ; on montre que
les institutions dans les pays en développement peuvent être efficientes, tandis que les conditions selon
lesquelles les normes induisent des trappes à pauvreté sont examinées, notamment les normes régissant les
appartenances. En premier lieu, on souligne que les institutions et les normes constituent des déterminants
essentiels de la formation et de la persistance de trappes à pauvreté, parce qu’elles impliquent des mécanismes
cognitifs complexes où certaines croyances et normes apparaissent particulièrement résilientes et difficiles à modifier. En second lieu, on suggère que ce ne sont pas des formes institutionnelles spécifiques qui induisent ex
ante les trappes à pauvreté, car selon les contextes elles peuvent être ou non efficaces. Ce sont les combinaisons
d’éléments multiples – environnements économique et politique, normes sociales – qui créent des effets de seuil et piègent des groupes sociaux entiers dans des équilibres inférieurs. En troisième lieu, on montre que les normes organisant les appartenances à des groupes, parce qu’elles impliquent des croyances particulièrement difficiles à
réviser, sont typiquement des facteurs de trappes à pauvreté.