Les définitions usuelles des fonds souverains insistent sur leur mission d’investissement à l’étranger. Mais après septembre 2008 un certain nombre de ces fonds s’est détourné des investissements étrangers pour intervenir dans le soutien de leur économie d’origine. Nous montrons que ces interventions des fonds souverains comme « investisseurs en dernier ressort » sont loin d’être marginales et qu’elles ne sont pas une innovation éphémère liée à la dernière crise. Nous étudions d’abord les interventions des fonds souverains comme « actionnaires en dernier ressort », en distinguant les interventions spécifiquement ciblées sur les banques, des interventions plus générales. Nous quantifions ensuite l’impact d’interventions de fonds souverains du Golfe les marchés d’actions de leurs pays d’origine durant des crises. Nous trouvons que ces interventions ont eu un effet de court terme stabilisateur sur les bourses, bien qu’il soit parfois très limité. L’efficacité à long terme de ces interventions est toutefois douteuse. Enfin, nous étudions les interventions des fonds souverains comme prêteurs en dernier ressort et fonds d’assurance pendant les crises. Dans certains cas (Russie, 2009 ; Australie, 2007) les prêts des fonds souverains pendant les crises sont ciblés sur le secteur bancaire national. En effet, contrairement aux banques centrales, les fonds souverains peuvent facilement fournir des financements à long terme. L’intervention de 2008 de fonds souverains saoudiens a toutefois eu un objet très différent, dans la mesure où il ne s’agissait pas de refinancer les banques, mais de pallier l’insuffisance de leur offre de crédit en prêtant directement à des entreprises non financières. Enfin, nous envisageons le rôle des fonds souverains comme fonds d’assurance pendant les crises. Les fonds souverains peuvent être utilisés pour financer des dépenses publiques pendant les crises, voire même, plus rarement, pour repousser des attaques spéculatives sur le marché boursier, ainsi que l’a illustré une spectaculaire intervention du fonds souverain de Hong Kong pendant la crise asiatique.