Dans cet article, nous étudions l’influence de la structure de l’actionnariat sur la détermination de la rémunération des dirigeants. A cette fin, nous constituons une base de données sur la structure d’actionnariat et la rémunération des dirigeants pour 104 entreprises françaises cotées du SBF120 sur une période allant de 2005 à 2012. L’actionnariat est catégorisé selon deux principaux critères qui sont le degré d’engagement et l’horizon de placement. Les résultats apportent plusieurs conclusions. D’abord, la rémunération fixe du dirigeant est d’autant plus élevée que les actionnaires sont peu engagés dans le contrôle de l’entreprise ; la rémunération fixe ressort finalement comme une mesure du degré de délégation faite au dirigeant. Ensuite, la rémunération variable est liée à l’horizon de placement des actionnaires : le poids de la rémunération variable et sa sensibilité aux performances comptables et financières annuelles sont d’autant plus élevés que l’actionnariat est orienté vers le court-terme. Enfin, la rémunération dite de long terme (en actions, stock-options) est pratiquée de façon similaire par quasiment tous les types d’actionnariat mais sa variation annuelle est d’autant plus sensible aux performances comptables et financières que l’actionnariat est peu engagé et orienté vers le court-terme. Ces résultats tendent à montrer que les prescriptions de la théorie de l’agence en matière de rémunération des dirigeants sont essentiellement appliquées par les actionnaires peu engagés et de court-terme.