Les fonds souverains (FS) ont été de plus en plus actifs au cours de la décennie passée, soulevant des inquiétudes concernant leurs motivations et leurs prises de participations potentielles dans des entreprises stratégiques étrangères. L’objectif de cette étude est de contribuer à une meilleure compréhension des décisions de ces investisseurs souverains. Leur processus de décision d’une stratégie d’investissement est complexe, car il combine plusieurs dimensions qui peuvent potentiellement interagir. Nous recherchons ici les déterminants de leurs prises de participations à l’étranger, tout en considérant la séquence complète de choix impliquée dans ces investissements: (i) le choix d’investir ou non à l’étranger, (ii) la décision d’investir dans une firme cotée ou non cotée, et (iii) la décision de prendre une participation importante (pouvant donner un certain pouvoir de contrôle sur la stratégie de l’entreprise) ou une participation faible. Pour cela nous utilisons un modèle logit emboîté. Sur la période allant de 1990 à 2010 nous trouvons que les investissements du fonds souverain singapourien Temasek présentent effectivement une certaine interdépendance entre ces trois niveaux de décision. La probabilité que Temasek investisse à l’étranger augmente avec l’excédent de réserves de Singapour, ces investissements tendent à concerner des firmes non cotées quand l’asymétrie d’information est faible entre le pays cible et Singapour, tandis que la taille de l’investissement dépend des caractéristiques financières de la firme cible.