A en croire les études antérieures, la désintermédiation financière observée en France
durant les années quatre-vingt n’est due qu’à un déplacement du champ d’activité des
intermédiaires financiers. Cette assertion se fonde principalement sur la distinction entre les taux
d’intermédiation en termes de demande et en termes d’offre. Mais lorsque les champs et les
méthodes sont comparables, ces deux approches conduisent à des conclusions identiques : les
tendances à la désintermédiation semblent confirmées dans les deux cas, même si, par définition,
le niveau du degré d’intermédiation est plus élevé lorsque l’on considère le point de vue des
établissements financiers. Il semble pourtant erroné de croire que les profonds changements qui
ont affecté la sphère financière durant les années quatre-vingt (nouvelles technologies, innovations
financières, déréglementation) ont eu, en France, une influence déterminante sur le comportement
des agents non financiers en matière de financement (à l’exception notable de l’État). La
valorisation des encours conduit en effet à amplifier les tendances à la désintermédiation financière
de l’économie française. Cet article propose donc une mesure originale du degré d’intermédiation
financière : la méthode consiste à utiliser des séries en encours, corrigées des phénomènes de
valorisation, afin de ne retenir, parmi l’augmentation de la capitalisation boursière, que l’aspect
« nouveau financement ». Cette approche, qui se traduit par le calcul d’un taux d’intermédiation en
volume, dépasse le clivage traditionnel qui oppose le taux d’intermédiation en termes de demande
et celui en termes d’offre. Mesuré sur la période 1980-1996, le degré d’intermédiation de
l’économie française corrigé des phénomènes de valorisation est alors relativement stable.