Les récentes émeutes urbaines qui ont embrasé la France en 2005 ont attiré l’attention sur
les déterminants spatiaux du mécontentement social. Nous étudions la validation empirique
du sentiment collectif d’une très forte augmentation des disparités de bien-être entre les
communes franciliennes. Notre indicateur de bien-être spatialisé est inspiré de l’approche
capabiliste de Sen. Celle-ci permet de tenir explicitement compte du rôle joué par la
localisation résidentielle sur les réalisations, les opportunités et la liberté de choix des
individus. En mobilisant des indicateurs multidimensionnels de pauvreté et à l’aide de
l’analyse exploratoire des données spatialisées, nous montrons que ce bien-être spatialisé
d’inspiration capabiliste a augmenté entre 1999 et 2006. Par ailleurs, nous mettons en
évidence un phénomène de rattrapage des communes les plus favorisées par les communes les
plus défavorisées. Cependant, nous mettons également en lumière la forte polarisation des
niveaux de bien-être les plus faibles sur le territoire francilien. Le fait que cette polarisation
ait augmenté entre 1999 et 2006 et que certaines des communes les plus défavorisées aient vu
leur niveau de bien-être diminuer pendant cette période pourrait expliquer la croyance
collective d’une augmentation de la fracture socio-spatiale en Île-de-France.