Intervenants :
· Margaret Kyle, professeur d’économie à MINES ParisTech, membre du Conseil National de Productivité, co-auteure de la note du Conseil d’Analyse Économique « Innovation pharmaceutique : comment combler le retard français ? »
· Nathalie Gimenes, consultante experte en stratégie et gouvernance d’entreprise, présidente et fondatrice de B-concerned, enseignante à MINES ParisTech et Paris Dauphine, auteur de « Industrie pharmaceutique, l'heure du choix »
· Louis Begards, coordinateur structurel industries de santé, Direction générale des entreprises, Ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique
Animation : Tara Schlegel, journaliste à France Culture
Présentation :
Pays inventeur du vaccin et berceau de groupes pharmaceutiques d’envergure mondiale, la France accuse pourtant aujourd’hui un retard conséquent sur le plan de l’innovation pharmaceutique. Ce retard, apparu au cours des vingt dernières années et mis en lumière par la crise sanitaire de la Covid-19, est multifactoriel et se retrouve à toutes les étapes du processus d’innovation pharmaceutique. Sa cause première est l’insuffisance des financements publics alloués à la recherche et à l’écosystème d’innovation ainsi que la difficulté pour les start-ups à se financer. S’ajoute à cela la faible coopération entre les universités et les laboratoires privés, qui pénalise le passage de la recherche fondamentale à la recherche appliquée et, par conséquent, la transformation des découvertes en produits commercialisables. Enfin, la France semble avoir manqué le virage vers les technologies modernes qui permettent aujourd’hui la conception de médicaments innovants à forte valeur ajoutée. La production française reste en effet principalement centrée sur des médicaments chimiques, désormais à faible valeur ajoutée et donc de surcroît exposés à la concurrence des pays producteurs à bas coûts.
Ce retard français dans le domaine de l’innovation pharmaceutique pose également la question de la perte de souveraineté. Au niveau européen, on estime aujourd’hui que 60 à 80 % des principes actifs des médicaments sont fabriqués hors UE, contre 20 % il y a trente ans. Et si la France reste un important producteur de médicaments en Europe, la grande majorité de ceux consommés par les français est importée.
Cette rencontre permettra d’évoquer différentes pistes pour redresser la situation, parmi lesquelles le renforcement de la recherche publique, la revalorisation de la rémunération des chercheurs, l’amélioration de la coopération entre universités et entreprises, la flexibilisation des brevets et le développement d’alternatives à ses derniers, la refonte des politiques de prix dans le secteur, ou encore une plus grande coordination européenne avec notamment la question du partage des données de santé au niveau européen.
Présentation sur le site de l'IGPDE : https://www.economie.gouv.fr/igpde-seminaires-conferences/innovation-pharmaceutique-comment-combler-le-retard-francais