9h 00 - Enregistrement des participant-es
9h 30 - Accueil par Jean-François BALAUDÉ, Président de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense.
9h 40 - Ouverture par Isabelle THIS SAINT-JEAN, Vice-présidente du Conseil régional d’IÎe-de-France chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche
10h - Présentation du GID par François HÉRAN, co-président et Florence ROCHEFORT, co-présidente
10h 30 - Conférence d’Olivier DE SCHUTTER, Université catholique de Louvain, Belgique.
Les deux ailes d'une seule prison. Egalité des genres et transformation sociale
Présidente de séance : Gwénaële CALVÈS, Université de Cergy-Pontoise
11h00 - Débat
11h 15 - Pause
11h 30 - Quatre ateliers parallèles
Cette communication propose de revenir sur les enjeux méthodologiques relatifs à la dimension genrée et racialisée des représentations médiatiques et souhaite explorer les apports de l'intersectionnalité, notamment pour les sciences de l'information et de la communication (SIC). Une telle perspective nous amènera à interroger les convergences et divergences d'approches qui, relativement à ces deux questions, ont pu marquer les SIC. Il s'agira tout d'abord de revenir sur la façon dont le genre et l'ethnoracialisation ont pu être différemment problématisés : de la constitution du genre en variable aux difficultés que posent le caractère « sensible » de la « race » et son intégration dans les protocoles de recherche. Nous reviendrons ensuite sur les méthodes qualitatives employées dans le cadre de la mesure de la « diversité » dans les médias et sur quelques-unes de leurs limites, dont le manque de prise en compte de l'intersectionnalité et une conception binaire du genre. Il s'agira enfin d'interroger les méthodes qualitatives mobilisées dans le cadre de l'étude des représentations médiatiques, en plaidant en faveur d'une analyse des dynamiques relationnelles des rapports de pouvoir. Nous proposerons d'extraire l'analyse de la seule attention portée aux processus de minoration au profit d'une réflexion plus large sur les modes de constitution de l'hégémonie et sur la formation relationnelle des identités de genre ou des identités ethnoraciales.
Les discriminations demeurent difficilement mesurables dans les enquêtes quantitatives. Particulièrement insaisissables, les discriminations sexistes se distinguent par leur quasi-invisibilité. Leur enregistrement peine à rendre compte des entraves qui induisent les fortes inégalités entre hommes et femmes. Les résultats de l'enquête Trajectoires et Origines dite TeO réalisée en France en 2008 illustrent ce décalage. Seulement 3,9% des femmes âgées de 18 à 50 ans ont déclaré avoir subi une discrimination sexiste au cours des 5 dernières années. A l'opposé, les discriminations racistes sont fortement déclarées. En mobilisant une approche intersectionnelle, il s'agira dans un premier temps d'appréhender l'enchevêtrement des déclarations de discriminations racistes et sexistes et d'évaluer l'existence d'une potentielle concurrence entre ces deux motifs. Le motif de discrimination distingué est-il toujours exclusif ou les femmes déclarent elles des discriminations multiples? Les déclarations de discriminations racistes participent elles par un effet de concurrence à l'invisibilisation des discriminations sexistes? Cependant même si cette hypothèse de concurrence s'avérait concluante, elle ne pourrait à elle seule expliquer la sous-déclaration des discriminations sexistes. Aussi, dans un deuxième temps, les hypothèses suivantes seront explorées pour tenter d'identifier les mécanismes expliquant cette sous-déclaration: une dénomination trop rare des traitements inégalitaires sexistes en termes de « discrimination », un manque de conscientisation associé à une tendance générale des femmes à sous-déclarer et à minimiser leurs expériences négatives, le discrédit pesant sur la dénonciation des comportements sexistes et l'hétérogénéité de l'exposition au risque en fonction des trajectoires. Cet ensemble d'hypothèses, nous conduira à conclure à la nécessité d'un questionnement spécifique pour dépasser cet ensemble de facteurs qui conduit à un sous-enregistrement des discriminations sexistes dans une enquête telle que TeO.
La discrimination directe opère en identifiant un critère discriminatoire. L'existence d'un motif prohibé est une condition déterminante de la mise en œuvre de la sanction légale. Or l'appréhension de la discrimination fondée sur le sexe fait parfois apparaître une discrimination multiple qui associe le sexe à l'âge, au handicap, à l'apparence physique ou à l'origine. La juriste américaine Kimberley Crenshaw a montré, selon la théorie de l'intersectionalité, qu'au-delà des considérations d'égalité des sexes, se jouait la question de la représentation des femmes issues de minorités silencieuses. La quête des discriminations multiples aboutit-elle seulement à montrer les limites du droit de la non-discrimination ou peut-elle révéler les tensions inhérentes à ce droit ? En s'inspirant d'exemples jurisprudentiels sur le sexe et le genre en droit français et en droit européen, cette étude cherche à montrer que la notion de discrimination indirecte propose une grille de lecture différente qui surmonte certaines difficultés que pose la discrimination multiple en matière d'accès au droit. Au prisme de la discrimination indirecte, il est même possible de contrer certaines critiques faites aux limites du corpus juridique qui encadre les discriminations dans l'emploi. Ce constat est particulièrement pertinent au regard du sexe et le contrôle des discriminations indirectes fournit des clés d'analyse sur la façon d'envisager autrement les rapports de pouvoir qui sous-tendent le droit de la non-discrimination. La prise en compte d'une discrimination multiple peut également rendre plus visible la discrimination fondée sur le genre au travail en précisant les rapports entre identité et comportement.
This article focuses on the analysis of the educational, occupational and personal pathways of young, immigrant women with the aim of making visible their differentiated situations depending on the structural, cultural and personal factors that bear a direct influence on their life projects and which on some occasions bring about double discrimination.
Les femmes noires en Colombie sont soumises à multiples formes de discrimination et d'exclusion. Il ne s'agit pas des discriminations accumulées sinon des discriminations co-construites à partir de leur condition en tant que femmes noires racialisées à travers des processus historiques complexes de différents niveaux (structurel, social, cognitif). On argument alors, d'une part, que c'est la co-construction et la reproduction de ces discriminations qui mettent les femmes noires dans une situation de vulnérabilité. Vulnérabilité qui s'aggrave dans des situations extrêmes telles que le conflit armé mais qui ne s'explique pas sans prendre en compte l'intersection de ces différents processus et de leurs effets. D'autre part, en dépit de la législation, et notamment certaines décisions de la Courte Constitutionnelle qui insiste sur la nécessité de la mise en place d'une approche différenciée, les politiques publiques ne prennent pas en compte cette intersection des différents facteurs de discrimination et d'exclusion des femmes noires, ce qui mène non seulement à leur reproduction mais dans certains cas même à leur approfondissement.
Nous proposons alors d'analyser ces multiples formes de discrimination, et la législation et les politiques publiques qui visent à les combattre, à travers d'un cas spécifique qui est le cas des femmes afrodescentes de Colombie en situation de déplacement forcé. En rendant compte de la situation de sa multiple victimisation (I), mais également des différentes formes de résistance qu'elles emploient non seulement pour survivre mais également pour protéger leur identité culturelle et celle de sa communauté, tout en faisant face à la discrimination interne qui peut l'accompagner (II), et en analysant les structures des politiques publiques qui ne parviennent pas à y remédier (III), nous pouvons montrer l'articulation entre le genre et les différentes formes de discrimination dans un contexte politique, législatif et social particulier qui est celui de la Colombie multiculturelle d'aujourd'hui.
Lors de la réunion du dernier conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies, la Tunisie a rejeté les recommandations demandant l'abolition de la discrimination à l'égard des femmes, en droit et en pratique. La discrimination persistante en droit et en pratique prive les femmes du plein exercice de leurs droits fondamentaux. Le Code du statut personnel contient des dispositions discriminatoires à l'égard des femmes dans les domaines de l'héritage et de la garde des enfants. Le projet de Constitution contient une formulation ambiguë faisant référence aux femmes en tant qu'« associées » de l'homme ayant un rôle complémentaire au sein de la famille. Le principe de pleine égalité n'est pas mentionné. Ceci nourrit des craintes quant à volonté véritable de la Tunisie de mettre en œuvre la pleine égalité et la non-discrimination. La loi sur la nouvelle Instance supérieure indépendante pour les élections ne mentionne pas la parité dans la composition de l'instance. Ceci nécessite une lecture plus approfondies des textes afin de mieux comprendre l'issue de cette discrimination basée sur le genre.
La revendication du droit à l'égalité pour les femmes a été et est toujours la principale bataille des groupes de femmes. Des progrès indéniables ont été accomplis. Pourtant, l'égalité demeure un mythe pour la majorité des femmes, comme le démontrent les statistiques sur leur situation économique et politique au Canada. De tous les droits fondamentaux, comme nous le prouvent les hésitations jurisprudentielles de la Cour suprême, le droit à l'égalité est certainement le plus difficile à cerner, et partant, à mettre en oeuvre.
Vingt-sept ans après l'entrée en vigueur de l'article 15 de la Charte canadienne, ma réflexion portera sur la catégorie et le groupe des «femmes » comme groupe revendiquant le droit à l'égalité. Le groupe « femmes » fait-il partie des « minorités discrètes et isolées » ? Est-il possible de faire la preuve que des mesures législatives ou sociales discriminent à l'égard des femmes comme groupe ? Qui est inclus dans le groupe « femmes » ?
L'arrêt phare de la Cour suprême Andrews servira à organiser ma réflexion. La période pré-Andrews a été le témoin des dérapages du modèle de l'égalité formelle. L'arrêt Andrews a été porteur des promesses du modèle de l'égalité réelle pour les femmes. La période post-Andrews n'a pas été à la hauteur des espoirs. La diversité des positions et des revendications des femmes, et les revendications identitaires d'autres groupes annoncent la disparition du groupe « femmes » comme revendicatrices du droit à l'égalité. Après 27 années de débats judiciaires sur le sens de la garantie à l'égalité pour les femmes et devant les gains somme toute minimes, il faut s'interroger sur la pertinence de la judiciarisation des revendications des femmes.
A partir d'une recherche doctorale inscrite dans une perspective d'analyse sociologique du droit, portant sur les usages militants du droit à propos de la cause des femmes victimes du conflit armé en Colombie, la communication proposée vise à identifier, ainsi qu'à essayer de comprendre, les différents processus qui interviennent et qui peuvent expliquer les conditions de réussite et les contradictions de la catégorie spécifique de « femmes victimes de violences en temps de guerre ».
Devant les tribunaux judiciaires, le divorce est devenu un droit, accessible au même titre aux deux époux. Une innovation de taille, dans les territoires de l'AOF placés dans le ressort du décret de 1903, où l'homme avait la prérogative du divorce à travers la répudiation. Cette pratique, tire son essence du fait que, c'est à l'homme que revenait la charge de chef de famille, sans compter que le mariage est à son initiative. Et c'est fort de ces atouts, qu'il avait le privilège du divorce. Toutefois, la femme n'était pas complètement désarmée. Elle avait la possibilité tout comme son mari de prendre l'initiative du divorce, pratique qui correspond dans l'Islam à un « Khôl ». Cette pratique consiste à rompre le mariage par la restitution de la dot. Mais contrairement à l'homme qui peut décider d'une manière unilatérale de mettre fin à son mariage, la femme avait besoin de l'aval de son mari pour obtenir la dissolution de son mariage. Autrement dit, la seule volonté de la femme ne suffisait pas à dissoudre un mariage, il fallait que cette volonté rencontre l'assentiment du mari. Ce qui voudrait dire que les femmes ne pouvaient faire qu'un divorce par consentement mutuel.
Cette communication se propose d'analyser le système de discrimination positive indien dans la vie politique (les sièges réservés), par le prisme du genre. En effet, alors que la constitution indienne prévoit que les femmes puissent faire l'objet de politiques de discrimination positive, cette possibilité a été très peu revendiquée par les mouvements féministes jusqu'aux années 1980, bien que la question ait été régulièrement portée dans l'espace public. Par ailleurs, les demandes de quotas formulées à partir des années 1990 ont été contestées au nom de l'illégitimité de quotas fondés uniquement sur la base du sexe, sans articuler ce critère avec celui de la caste et de la religion. De ce fait, les débats autour des quotas pour les femmes posent explicitement la question de l'articulation entre les différentes formes de discrimination, et en particulier celles liées au sexe, à la caste et l'appartenance confessionnelle. On se propose donc d'analyser les usages (et non-usages) du concept de « discrimination » dans les différents débats autour des quotas pour les femmes qui ont eu lieu en Inde depuis les années 1920. Ceci permettra de souligner la façon dont le genre été pensé et articulé (que ce soit sous forme d'analogie, d'opposition ou d'intersection) avec d'autres « systèmes d'inégalité et de domination » et par là, les logiques internes du système de discrimination positive en Inde, et notamment son rapport à la notion « d'identité ».
Il s'agit d'étudier les conditions sociales du renouvellement des problématiques de sexe dans les sciences sociales, en particulier la place et le rôle des discriminations et de la contestation de ces discriminations.
Les analyses présentées confirment et renforcent ce que Delphy, Guillaumin, Mathieu et bien d'autres écrivent au tout début des années 70 : la place des discriminations mais aussi de la subversion et de la contestation dans la construction sociologique du savoir et notamment sur les catégories et rapports sociaux de sexe. Contestation des rapports de pouvoir, contestation de l'ordre établi, contestation appuyée sur l'expérience de la domination, de l'exploitation, des discriminations, au moment où les rapports sociaux de sexe étaient justement en train d'être bouleversés : dans le domaine professionnel avec l'extension du travail salarié des femmes, dans le domaine de l'éducation avec l'extension de la scolarisation et de la réussite féminines, dans le domaine de la famille qui, surtout avec le recul, paraît aujourd'hui comme relevant massivement alors du patriarcat. L'analyse des discriminations genrées et de leur contestation permet de mettre au jour l'une des conditions sociologiques de la « révolution féministe » dans l'ordre du savoir.
Les inégalités sociales de genre sont souvent expliquées par les discriminations directes, intentionnelles ou non. Or ces inégalités sont plutôt le produit de régimes d'inégalité dont la cause est la persistance d'une organisation androcentrique de la vie sociale. De sorte que la réduction des inégalités sociales de genre passe plus par la réduction des discriminations indirectes structurelles que par celle des discriminations directes dans les interactions.
This study examines the impact of the French Corporate Board Quota ("FCBQ") on corporate governance using three sources: 1) interviews I performed while residing in Paris on a Fulbright Research Scholarship. The interviews were conducted in French with one male and one female member of each of over a quarter of the boards of CAC 40 corporations; 2) social science, notably Rosabeth Moss Kanter's work on how the corporation constructs men and women, and Scott Page's more recent work on diversity, which articulates when it matters and when it does not; and last 3) queer and critical feminist theory, specifically Eve Sedgwick's anti-essentialist concept of "gendery" (deployed by her as an adjective to describe the strength of gender within individuals) and Judith Butler's gender performance theory. The interviews revealed multiple, complicated, and even self-contradictory frameworks of sex identity within female and male board members. Concomitant valorization of women's identity, women-ness and stereotypes of women surfaced throughout. Given this performativity, with regard to the gendery nature of board members, Sedgick's term here provides a useful metric for the effects of gender. CBQ advocates rely on arguments of difference, and for the quota to matter, gender must matter. Building on my interviews, the social science and queer/gender theory supports an interpretation of quotas as having a far more muted impact than proponents argue.
13h – 14h 30 – Déjeuner libre
14h30 - Conférence de Catherine SOFER, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Stéréotypes de genre et division du travail dans la famille
Présidente de séance : Dominique MEURS, Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Economix
15 h - Débat
15H15 - Pause
15h 30 – Quatre ateliers parallèles
L'idée centrale de cette communication est de montrer comment les règles afférentes à l'attribution des titres de séjour génèrent des discriminations fondées sur le genre. On montrera cependant que ces discriminations sont « invisibilisées » par les caractéristiques propres au droit des étrangers. Notons que l'on parlera ici toujours de discriminations indirectes : le critère étudié n'étant jamais explicitement le sexe.
On illustrera cette réflexion par une analyse approfondie des dispositions et pratiques relatives à quelques titres de séjour particuliers: ceux délivrés en considération des liens familiaux du demandeur et ceux qui exigent la démonstration d'un niveau de revenu minimal.
L'auteure de cette communication est juriste, doctorante en droit privé, bioéthique et théorie du droit. Elle pratique également activement le droit des étrangers depuis plusieurs années. Cette communication permettra donc de croiser une approche issue de l'observation des pratiques concrètes des procédures de régularisation et une réflexion nourrie de théorie du genre.
L'analyse s'appuiera sur un corpus varié de textes et de décisions. Les textes du Code de l'entrée et du séjour tout d'abord, mais également les nombreuses circulaires et notes ministérielles qui éclairent l'application qui est faite de ces textes par les administrations préfectorales.
Il s'agira également d'étudier des décisions de juridictions administratives en se concentrant sur les décisions du fond, qui contiennent des indications plus précises sur les situations concrètes en cause. Certaines décisions de type non juridictionnel telles que des délibérations de la HALDE seront également utilisées.
Enfin, une partie importante de la matière de cette communication sera issue de l'expérience de l'auteur quant aux pratiques préfectorales : éléments de connaissance immatérielle, cette expérience personnelle sera illustrée dès que possible par des rapports d'activité ou des articles de presse issus d'organismes non-gouvernementaux reconnus pour leur pratique du droit des étrangers.
Obligatoire depuis 2007, le Contrat d'Accueil et d'Intégration (CAI) est destiné aux étranger-e-s arrivants en France de manière légale. Il concerne les conjoint-e-s de français-e-s, les personnes venant en France au titre du regroupement familial, les travailleur-euse-s ayant un contrat longue durée ainsi que les réfugié-e-s. Les signataires du contrat doivent suivre une journée de formation civique, et selon leur situation, une formation linguistique, une journée d'information sur la vie en France et un bilan de compétences professionnelles. Le dispositif est géré par l'Office Français d'Immigration et d'Intégration (OFII) qui, à travers ses directions territoriales, se déploie sur l'ensemble du territoire.
Dans un premier temps, nous nous demanderons dans quelle mesure le bilan de compétences professionnelles permet aux étrangers de trouver plus facilement un emploi qui correspond à leur formation et à leurs compétences et si celui-ci sous couvert de lutte contre les discriminations, ne participe pas d'une nouvelle modalité d' « utilitarisme migratoire » confinant ces étranger-e-s considéré-e-s comme faisant parti-e-s de l'« immigration subie » dans certains secteurs du marché du travail?
La question de l'égalité entre hommes et femmes apparait comme un enjeu central du CAI. La valorisation de l'égalité entre hommes et femmes, présentée comme une valeur de la République, n'aurait-elle pas plutôt pour effet de rendre la France exemplaire en la matière et ainsi d'assigner au sexisme les hommes « noirs » et « arabes »? L'usage du thème de l'égalité entre hommes et femmes dans le cadre du CAI peut-il être interprété comme une forme de domination raciste et nationaliste ?
A l'intersection du genre et des discriminations, nous nous intéressons aux effets sur les inégalités entre les femmes et les hommes d'une action ciblée sur un groupe social vulnérable qui cumule plusieurs causes potentielles de discriminations. Le groupe est celui des jeunes en difficultés d'insertion, sans diplôme, sans emploi, sans revenu d'assistance, qui n'ont pas de logement indépendant et habitent des quartiers relevant des politiques de la ville ou des zones rurales enclavées. La question de la mobilité est cruciale pour ces jeunes dont les lieux de résidence sont physiquement éloignés des lieux d'emploi potentiels. L'obtention du permis de conduire et l'accès à l'autonomie routière est pour eux une condition nécessaire à la réussite de leurs projets personnels et professionnels. La politique publique est une aide au passage du permis de conduire combinant une subvention d'un millier d'euros et un dispositif d'accompagnement personnel et professionnel.
L'aide a été mise en œuvre de façon expérimentale sous l'égide du Fonds d'Expérimentation pour la Jeunesse entre l'été 2009 et l'été 2012. L'évaluation couvre 154 structures sur tout le territoire métropolitain, essentiellement des missions locales, qui ont accompagné 6000 jeunes entre janvier 2010 et juin 2012. La méthodologie est celle d'une évaluation expérimentale où l'on compare des jeunes bénéficiaires de l'aide à d'autres jeunes qui n'ont pas eu accès à l'aide et qui forment un groupe témoin. L'assignation à l'un des deux groupes se fait par tirage au sort ce qui garantit l'absence de tout biais de sélection. Les jeunes sont interrogés un an et deux ans après leur entrée dans le dispositif sur leur situation relativement au permis de conduire et aussi sur leur situation d'emploi, de logement et leurs activités.
Une revue de littérature s'intéressant à la question de l'orientation scolaire des filles et des garçons a analysé 352 documents officiels, scientifiques et professionnels, publiés entre 1984 et 2009. Elle montre qu'outre le fait d'une production peu abondante sur le sujet, la notion de discrimination est quasi absente des constats et analyses menées dans ce champ. Les publications sont pour la plupart centrées sur la question de l'orientation des filles laissant les garçons dans l'angle mort des questionnements. La division sexuée de l'orientation scolaire est souvent analysée comme étant l'expression « normale » des différences de sexe supposées naturelles. En conséquence, elle est rarement pensée comme étant le produit du genre qui régit à la fois les choix d'orientation des élèves et les pratiques des acteurs-trices du système éducatif. Cette perspective esquive le questionnement en termes d'inégalités et donc de discriminations produites par la mise œuvre des procédures et des pratiques d'orientation.
Cette proposition analyse la construction sexuée des différentes images des migrants andins qui apparaissent dans l'Espagne des années 2000. Alors que l'image des femmes migrantes « invisibles » qui travaillent dans le secteur du care semble plutôt positive, celle des hommes est focalisée sur la violence. Deux figures émergent : celle de l'homme violent, auteur de violences conjugales, et celle du jeune délinquant latino-américain membre de gang. Ces images très négatives, supports de multiples formes de discrimination, sont perçues par les migrants andins comme des façons de les stigmatiser et de les tenir à l'écart d'une société qui ne les tolère que comme force de travail.
La sur-représentation des hommes dans le domaine des technologies de l'information et de la communication (TIC) est une réalité mondiale, sur le plan académique comme sur le plan professionnel, malgré les efforts entrepris depuis plusieurs années afin de favoriser un rééquilibrage entre hommes et femmes. Pour ouvrir une nouvelle piste de compréhension, nous avons fait l'hypothèse que le genre est peut-être mobilisé dans des interactions dont le caractère discriminatoire est rarement dénoncé, et nous avons mené plusieurs recherches exploratoires dans ce sens. L'objectif de cette communication est de faire une synthèse de ces travaux pour montrer comment, en effet, des micro-pratiques discriminatoires basées sur le genre, le plus souvent peu visibles ou peu relevées par celles/ceux qui en sont l'objet ou les spectateurs, contribuent à maintenir l'idée que la compétence technique fait partie de l'identité masculine. Les résistances observées peuvent ouvrir des pistes pour dénouer l'entrelacement discriminatoire entre genre et TIC.
Selon la théorie de l'identité sociale, les membres d'un groupe dominé et fortement identifiés à ce dernier défendraient un membre du groupe qui se bat pour celui-ci (Tajfel & Turner, 1986). Kaiser et. al (2009) ont testé cette hypothèse lors d'une confrontation à la discrimination auprès de 3 groupes sociaux ; les asia-américains, les afro-américains, et les femmes. Ainsi, les individus fortement identifiés à leur groupe évaluent plus positivement un membre qui se confronte à l'auteur d'une discrimination qu'un membre qui ne se confronte pas. Parmi les individus faiblement identifiés, peu importe qu'il y ait confrontation ou non, le membre du groupe sera toujours évalué similairement. Toutefois ces résultats ne s'observent que chez les asiatiques et les noirs-américains. En effet, une femme qui se confronte à l'auteur de la discrimination est évaluée plus négativement qu'une femme qui ne se confronte pas. L'explication de ce dernier résultat résiderait-elle dans le contenu propre au stéréotype de genre ? En effet, les femmes sont décrites comme passives, ne cherchant pas le conflit (Glick & Fiske, 2001). Le contenu même du stéréotype semble en désaccord avec l'idée de se confronter pour dénoncer la discrimination.
De nombreuses études en psychologie sociale ont contribué à la connaissance des stéréotypes de genre dans les disciplines académiques spécifiques, et produit un inventaire riche mais parcellaire des réputations scolaires. En raison des conséquences, largement documentées dans la littérature, des réputations scolaires sur les choix d'orientation, il semble nécessaire d'améliorer notre connaissance des réputations des garçons et des filles dans le domaine de la réussite scolaire in extenso. Cette question est particulièrement importante au regard du paradoxe décrit actuellement dans la majorité des pays occidentaux : les filles surpassent les garçons en matière de performance scolaire mais restent sous-représentées dans les filières et les postes les plus prestigieux. La recherche présentée vise à explorer le contenu du stéréotype de genre de réussite scolaire et la connaissance de son contenu par les élèves eux-mêmes. Un total de 1400 élèves de collège et lycée a évalué un ou une élève-cible sur des caractéristiques typiquement féminines et masculines, et sur des caractéristiques liées à l'effort et au don. L'analyse des données ainsi recueillies a mis en évidence une connaissance, chez les participants, d'un stéréotype de genre décrivant les filles qui réussissent plus travailleuses et plus normatives que les garçons qui réussissent, et décrivant les garçons qui réussissent plus assertifs que les filles qui réussissent. Qui plus est, cette connaissance du stéréotype de genre de réussite scolaire est d'ores et déjà acquise au niveau 5e, et reste stable en Terminale. Le rôle de ce stéréotype de genre de réussite scolaire dans le maintien des inégalités de carrière est discuté du point de vue de la théorie de la justification du système.
Notre étude vise à analyser la situation relative des femmes immigrées sur le marché du travail en France.
Nous chercherons notamment à mettre en évidence et à expliquer les disparités en terme de taux de participation et de taux d'emploi entre communautés en mobilisant l'enquête « Trajectoires et Origines, enquête sur la diversité des populations en France » réalisée par l'INSEE et l'INED. Plus précisément, nous cherchons en outre à mettre en évidence l'impact relatif et combiné du genre et de l'origine ethnique en nous concentrant plus précisément sur l'incidence relative du capital humain sur les conditions d'emploi. Dans un premier temps, une décomposition fondée sur la méthode Blinder-Oaxaca nous permet de montrer que si une partie des différentiels d'insertion des femmes immigrées sur le marché du travail peut s'expliquer par des différences en terme de niveau de qualification et d'expérience professionnelle une partie s'explique par un moindre rendement de leur capital humain. Nous cherchons dans un deuxième temps à comprendre ce moindre rendement. Les femmes immigrées étant susceptible d'avoir acquis une partie de leurs compétence dans leur pays d'origine trois explications sont avancées. En premier lieu, les systèmes éducatifs entre pays d'origine et d'accueil peuvent qualitativement différer. En second lieu, le capital humain accumulé dans le pays d'origine peut n'être que partiellement transférable dans le pays d'accueil. Enfin, le rendement de leur capital humain peut pâtir de croyances défavorables de la part des employeurs potentiels, phénomène pouvant être assimilé à de la discrimination. Afin de tester ces différentes assertions, nous décomposons les différentes composantes du capital humain par lieu d'acquisition. Nous estimons également l'incidence de la maîtrise de la langue française sur les rendements respectifs de ces composantes. Nos premiers résultats montrent que le rendement du capital humain accumulé dans le pays d'origine est en effet plus faible notamment pour les immigrées d'origine extra-européenne hors pays de l'OCDE. Par ailleurs les rendements respectifs des différentes composantes sont influencés par le degrés de maîtrise de la langue française.
Dans cette communication, nous nous penchons sur le choix, pour une femme, de devenir entrepreneur dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. En utilisant des données micro-économiques et un modèle économétrique logit, nous montrons que ce qui empêche les femmes de devenir entrepreneur dans cette région est le manque de confiance en leurs capacités.
The paper is the first attempt to assess, in a unified econometric framework, the existence and the magnitude of both the sexual orientation participation gap and the sexual orientation unemployment gap. Having identified male same-sex couples using the Employment Survey, we use a bivariate probit selection model where the labor supply and the employment equation are jointly estimated for the French labor market. The results show that both participation and employment probabilities are significantly lower for gay employees compared to their heterosexual counterparts. Further investigations indicate that young gay workers, particularly, are more exposed to the unemployment risk than older ones. The beginning of a professional career and the subsequent entry to the labor market appear to be difficult steps to overcome for gay workers who spend more time than their heterosexual counterparts to find the good job.
Using data from the Third Cameroonian Household Survey (ECAM3), this paper examines the determinants of the differences in labour force participation between people with and without disabilities by gender. The results obtained indicate that there is a substantial employment gap between disabled and non-disabled people whatever the considered gender and the institutional sector. The decomposition of this gap suggests that it is not explained by differences in human capital, demographic, and other observed characteristics between disabled and non-disabled people; it results from discrimination.
Cette communication a pour but de problématiser les relations entre genre et discriminations, avec une focale particulière portée sur les organisations. Avec pour point de départ une enquête quantitative et qualitative sur le conseil en management, il s'agit d'abord d'éclairer les inégalités dans la division du travail et dans la carrière. Ces inégalités produisent des discriminations économiques dans la répartition des revenus du travail et des discriminations dans l'accès à l'information et aux circuits de décision. Toutefois, ces discriminations sont façonnées par des structures d'opportunités différentes selon les organisations, avec des régimes de genre qui ne revêtent ni des formes identiques, ni la même profondeur. Il s'agit ensuite de problématiser les rapports entre genre et discriminations. Tout d'abord, l'étude empirique permet de saisir comment le genre produit les discriminations. Il les produit, par les constructions symboliques, qui induisent une division sexuelle du travail ; il les produit par la différenciation des rôles, à emploi identique, dans l'exercice quotidien du métier ; il les produit encore par le maintien explicite ou implicite d'une division du travail domestique. Ensuite, le genre contribue également à naturaliser les discriminations, avec l'appui d'un modèle professionnel viril, servant de référence pour mesurer et récompenser la performance et pour promouvoir. Enfin, en retour, les discriminations participent à produire le genre, en orientant les trajectoires dans le sens d'un renforcement, via des stratégies de contournement ou d'évitement, des barrières genrées.
Dans ce double mouvement, qui appréhende les interrelations entre genre et discriminations, on essaiera d'éclairer la variété des régimes de genre selon les organisations, la pertinence de ce niveau d'analyse et les perspectives qu'il peut ouvrir dans la conception de politiques d'égalité.
Si le corps enseignant est traditionnellement féminisé, ses organisations syndicales l'ont été beaucoup moins. Jusqu'en 1998, aucune des grandes fédérations syndicales enseignantes n'avaient eu de femme à sa tête. Les militants et cadres, dans une période de forte féminisation du corps enseignant des années 1960 aux années 1990, ont été de manière écrasante des hommes. Ce paradoxe est largement absent des recherches en sciences sociales- particulièrement en histoire- sur le syndicalisme enseignant. Quels ont été les mécanismes qui ont de facto marginalisé la place des femmes en son sein ?
Un exemple central de cette triple distorsion peut être étudié par le biais de la FEN (Fédération de l'Education nationale), force majoritaire du monde enseignant de 1946 à sa scission en 1992. Dominant les élections professionnelles et ayant toujours syndiqué plus d'un tiers du corps enseignant, la FEN a été l'organisation historiquement la plus représentative à l'Education nationale. Pourtant, la fédération n'a jamais eu de femme à sa tête, pas plus que les syndicats nationaux qui la composaient jusqu'en 1984.
Trois axes peuvent être définis :
1er axe- une inégalité genrée dans l'institution
La marginalisation des femmes dans l'appareil de la FEN n'a été perçu dans (plus que par) l'organisation qu'à partir des années 1970. Peut-on parler d'un « inconscient » discriminatoire et quelles en-ont été les formes ?
2ème axe- Quelle prise en compte du genre ?
La FEN, structurée par des tendances, n'a pas été uniforme sur le sujet. Ce sont les minorités de la FEN qui ont les premières mises les questions sur l'agenda. Dès lors, comment se combinent minorités, approche genrée de l'appareil syndical et action des militant(e)s?
3ème axe- quelles réponses syndicales?
C'est avec le début de la désyndicalisation en 1977 que la FEN et ses syndicats s'intéressent à la promotion spécifique des femmes dans l'appareil. Quelles modalités et dispositifs sont mis en place et avec quels résultats ?
Aujourd'hui encore, les faits montrent que l'égalité de genre est un but vers lequel il convient de tendre en milieu carcéral où, comme ailleurs, elle n'est pas réalisée. Aux malchances parsemant les parcours des femmes et hommes avant leur détention, déjà différentes, s'ajoutent celles engendrées par les discriminations qu'elles et ils subissent, en fonction de leur sexe ou de leur genre, dès leur arrivée en prison. Dans cette communication, il conviendra de montrer comment celles-ci sont tant le fait de stéréotypes de genre que le fruit d'un droit construit autour de l'idée de non-mixité.
Notre proposition de contribution est issue d'une recherche doctorale visant à analyser le phénomène de l'engagement des militaires français issus de l'immigration postcoloniale. Elle identifie simultanément les motivations et les expériences de ces segments de population qui ont choisi le métier des armes. Dans le cadre de cette proposition nous souhaiterions focaliser notre attention sur les expériences d'engagement relatées par les femmes issues de l'immigration. Cumulant des marqueurs ethnique, sexuel et religieux, il nous semble pertinent de restituer les caractéristiques de leur insertion socioprofessionnelle. Il s'agit dans un premier temps de décrypter les formes de discrimination professionnelle qu'engendrent les stigmates potentiels dont elles sont les porteuses. Dans un second temps, notre réflexion questionne les modalités par lesquelles ces marqueurs agissent, interagissent, se hiérarchisent ou se conjuguent au sein d'une institution doublement marquée par de nombreuses spécificités sociologiques et des injonctions normatives très puissantes.
9h 00 - Enregistrement des participant-es
9h 20 – Accueil par Cendrine MARRO, responsable Mission Egalité Femmes/Hommes, Université Paris Ouest Nanterre la Défense
9h 30 - Conférence de Mara VIVEROS VIGOYA, Universidad nacional de Colombia
Le féminisme latino-américain dans la cartographie de l'intersectionnalité
Président de séance : Éric FASSIN, Université Paris 8
10h 00 - Débat
10h 15 - Pause
10h 30 -Quatre ateliers parallèles
En juillet 2012, la France reconnaît pour la première fois la « transphobie » comme critère de discrimination. Pour être plus précis, les termes du droit retiennent l'expression « discrimination liée à l'identité sexuelle », mettant de côté la dimension genrée propre à ce type de discrimination. Dans cette communication, nous nous proposons de définir les contours de cette « transphobie », dont les militants demandent la reconnaissance et dont le droit français, à l'inverse d'autres droits notamment européens, ne semble pas saisir la complexité.
Notre intervention porte sur l'articulation entre le concept de genre et la discrimination ayant pour motif l'orientation sexuelle. Nous défendons l'idée que la dimension « genrée » de cette discrimination est insuffisamment prise en compte, et parfois même complètement ignorée, tant dans les actions menées par le milieu militant que dans les recherches actuelles en France.
Cette communication vise à analyser les discours des organisations antiracistes françaises par rapport aux nouvelles formes de racisme et de discrimination en France. Comment développent-elles leurs discours autour de la question "raciale"? Et plus précisément, où se situent les musulmans dans ces catégorisations? À partir des débats qui ont agité les principales organisations antiracistes traditionnelles (la LDH, la LICRA, le MRAP et SOS Racisme) sur la notion et le phénomène de "l'islamophobie", il s'agira de présenter la manière dont elles articulent les catégories de "race", de "religion" et de "genre". Dans un premier temps, nous analyserons les positions et les arguments de ces organisations quant à l'usage du terme islamophobie, en rappelant les débats internes et les controverses qui les ont agités sur cette question ces dernières années. Dans un deuxième temps, nous identifierons le rôle que des organisations en lutte contre le racisme et les discriminations attribuent au facteur "genre", notamment lorsque les débats sont centrés sur les femmes musulmanes.
Cette réflexion sur les mobilisations contre le projet de loi sur l'ouverture du mariage, de la PMA et de l'adoption aux couples de même sexe en France (fin 2012 et début 2013) mobilise la socio-sémiotique de l'énonciation et la rhétorique afin d'analyser les communiqués, tracts, slogans et pages Internet des manifestations signées « La manif pour tous /Tous nés d'un homme et d'une femme ». On montrera comment, dans le débat public sur ce projet de loi, se produit une confusion entre les notions d'orientation sexuelle, d'identité sexuelle, de sexe et de genre. On décrira ensuite l'actualisation d'une rhétorique hétéronormative dans les « codes de la modernité », actualisation qui mérite d'être étudiée afin de comprendre comment fonctionne la « discrimination ordinaire ». En effet, les discours de certains collectifs contre ce projet de loi s'appuient sur des formules qui réfèrent à un imaginaire consensuel familial plutôt qu'à une rhétorique de la haine explicite, empruntant même aux codes linguistiques et chromatiques des associations de lutte contre l'homophobie. L'articulation entre les notions de « discrimination » et de « rhétorique homophobe » se fait pourtant dans le projet même de ces collectifs s'opposant à l'acquisition de nouveaux droits d'une « catégorie » de population, ce qui revient à un déni de droits civiques à des personnes en raison de leur orientation sexuelle. On exposera ainsi le phénomène de réification de la discrimination sur critères d'orientation sexuelle et d'identité de genre dans ces discours mobilisant les notions de « famille » et « couple » comme des valeurs, présentées comme des vérités. La question de la discrimination ainsi posée permet de penser les rapports de domination à l'œuvre dans la société et leur cristallisation dans les discours sur l'accès au mariage et à la filiation pour les couples de même sexe, dans une arène discursive où les débats sur la normation du couple et de la filiation participent de leur normativité.
Un examen de la propagande envers les Américaines pendant la Seconde Guerre mondiale montrera qu'on offrit alors aux femmes un rôle essentiel et plus varié qu'avant puisque leur participation en tant que ménagères mais aussi dans l'armée et l'industrie était présentée comme essentielle pour mener les Etats-Unis vers la victoire.
Toutefois, il s'agira ici de montrer que le discours officiel, largement relayé et même élaboré par le secteur privé, a tout de même naturalisé le genre au moyen d'images contrastées des hommes et des femmes et par une construction sociale des sexes qui maintenait les inégalités. Il sera expliqué que ce discours a également effacé volontairement les disparités sociales et la diversité ethno-raciale dans le pays à l'époque puisqu'il mettait en avant presque exclusivement les femmes blanches des classes moyennes et accentuait ainsi les discriminations.
In the fall of 1834, 'Aisha Bint Mohammed, a young Muslim women and a recent divorcee, came unannounced to the residence of the French resident General asking to be converted to the Christian faith and to fall under the purview of French law. The general acceded to her demand after ensuring her conversion was driven by sincere faith rather than by a desire to obtain French protection. News of her conversion, however, provoked vivid reactions in local society and profoundly divided French authorities.
My presentation will detail Aisha's story of conversion and the controversy around it, seeking to understand how categories of religion, race and gender intersected in nineteenth-century colonial Algeria to create discourses of exclusion, but discourses that if subtly reworked could also be manipulated by those such as Aisha who stood on the lower rung of society. I argue that conversion in early colonial Algeria was a deeply political act that threatened to upset all social distinctions.
Au 19ème siècle, le volume du cerveau était utilisé pour justifier la hiérarchie entre les sexes, les races et les classes sociales. On pensait que « par nature » les Blancs, les hommes et les patrons avaient un plus gros cerveau que les Noirs, les femmes et les ouvriers. Bien qu'à cette époque d'autres études avaient démontré que la taille du cerveau n'a aucun rapport avec l'intelligence, l'idéologie de la bourgeoisie conservatrice l'emportait sur la rigueur scientifique.
De nos jours, les neurosciences sont en première ligne pour satisfaire nos besoins d'explication. Un pas énorme dans l'exploration du cerveau a été franchi grâce aux techniques d'imagerie cérébrale par IRM. Des progrès considérables ont été accomplis dans la connaissance des fonctions sensorielles, motrices, cognitives. Les applications en clinique humaine sont immenses