LE COURS DU BITCOIN CONDAMNÉ À TOUJOURS PLUS DE VOLATILITÉ

The conversation, 11/07/2021 - Auteurs: David Bourghelle , Fredj Jawadi , Philippe Rozin

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Première cryptomonnaie d’envergure, le bitcoin a été créé par un groupe anonyme de développeurs en 2008. En raison de sa nature décentralisée et des profits colossaux qu’il a rapidement générés, l’attention que lui portent les médias, les universitaires et les praticiens n’a cessé de croître ces dernières années.

 

Pourquoi le bitcoin semble-t-il aussi attractif ? Plusieurs arguments peuvent être avancés. D’abord, le bitcoin et, de manière plus générale les cryptomonnaies, restent des actifs purement spéculatifs sans rémunération ni ancrage fondamental. Les gains à l’achat ne reposent ici que sur la perspective de plus-value de cessions, exacerbant ainsi les dynamiques autoréférentielles propres au fonctionnement des marchés financiers. Avec un tel actif à leur disposition, les investisseurs ont été naturellement attirés par les possibilités de rendements hors normes, à deux, voire trois chiffres, et par l’avantage d’enrichir leurs portefeuilles.

 

Deuxième argument, la cryptomonnaie a rapidement fait l’objet d’un processus de légalisation. Certains pays comme l’Allemagne, le Japon, la Corée du Sud, etc. ont finalement validé le statut légal du bitcoin et d’autres l’ont même adopté comme monnaie de référence.

 

Enfin, le secteur privé est entré dans la partie. De nombreuses entreprises célèbres telles que Microsoft, Dell, Enercity, et récemment Tesla, ont accepté les transactions en bitcoin. Un nombre croissant de banques centrales sont aujourd’hui enthousiastes à l’idée d’employer des cryptomonnaies. Certaines bourses ont même introduit des contrats à terme sur le bitcoin, comme le Nasdaq, le Chicago Mercantile Exchange et la bourse de Tokyo.

 

Lorsque le bitcoin avait fait irruption en 2009, les premiers détenteurs l’avaient vanté comme un moyen sûr, décentralisé et anonyme d’effectuer des transactions en dehors du système financier traditionnel. Les cryptomonnaies et leurs plates-formes de transaction se sont alors répandues comme une traînée de poudre.

De l’euphorie à la défiance

Avec le bitcoin, fini les rigidités des monnaies centrales et les préoccupations suscitées par la liquidité des marchés. Enfin était venu le temps d’une monnaie littéralement extraite des déterminants de l’économie réelle.

 

Conséquence moins avouable, les criminels, qui opèrent souvent dans les recoins cachés de l’Internet, ont aussi afflué vers le bitcoin pour accélérer les volumes de leurs affaires illicites, en bénéficiant d’un parfait anonymat (du moins le croyaient-ils). La monnaie numérique est ainsi rapidement devenue aussi populaire auprès des trafiquants de drogue et des fraudeurs fiscaux que des libertaires.

 

Dans ces conditions, entre une offre connue et limitée (le nombre total de bitcoins en circulation ne dépassera jamais 21 millions d'unités) et une demande, certes fluctuante, mais sans cesse croissante, tout prédisposait au déclenchement d’une dynamique spéculative incontrôlable et, potentiellement, à la croissance durable et sans bornes du prix du bitcoin.

 

Si l’on revient sur la décennie qui vient de s’écouler, on s’aperçoit que le cours du bitcoin est ainsi passé de près de zéro à environ 20 000 dollars entre 2009 et décembre 2017, puis, après un premier ajustement en 2018, de moins de 6 000 dollars en juin 2018 à pratiquement 65 000 en avril 2021, avec parfois des hausses quotidiennes de plus de 10 %. Ces trajectoires exceptionnelles et sans précédent et l’extrême volatilité qui les ont accompagnées ont considérablement accru les appétits...

 

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