Jury :
Résumé :
Ce travail est une tentative d’articulation entre l’économie des conventions et la théorie de la régulation sur la question des dynamiques institutionnelles à partir de l’élaboration d’une théorie de l’action mobilisable par les deux approches. L’enjeu de la thèse est de dépasser les oppositions qui structurent le débat entre les deux principaux courants institutionnalistes de l’hétérodoxie française en vue de dégager la complémentarité de leurs apports respectifs à l’analyse du changement. Nous entendons ainsi contribuer à la compréhension des déterminants de la dynamique des règles qui influencent les régularités économiques.
En premier lieu, nous procédons à une synthèse de chaque approche. Un cadre théorique cohérent est construit à partir des deux séries de travaux, par delà leur hétérogénéité. Ce résultat général permet de dégager trois enseignements principaux : i) les outils d’analyse développés dans chaque cadre permettent de restituer les différents niveaux de la coordination à partir des règles et dispositifs qui fournissent un ancrage objectif aux régularités ; ii) l’économie des conventions et la théorie de la régulation s’accordent sur le rôle central du politique dans l’élaboration et la transformation des règles institutionnelles ; iii) leur opposition principale porte sur la forme des arbitrages politiques : arbitrage délibéré dans la pluralité des modes de coordination dans un cas, arbitrage imposé dans la pluralité des intérêts dans l’autre.
En second lieu, nous procédons à une synthèse des deux approches. A partir d’un examen critique de leurs développements sur l’action, nous proposons d’abord un principe de rationalité commun pour rendre compte de la dynamique des règles : la théorie de la réflexivité limitée. Celle-ci permet de restituer un agent intervenant à la fois dans et sur les règles. Elle ménage alors une place tant aux arbitrages imposés qu’aux accords justifiés. Nous tirons ensuite les conséquences de cette conception de l’agent pour l’analyse des produits de la coordination. A partir d’un examen critique du traitement du politique par chaque courant, nous proposons une logique de coordination globale commune : la viabilité des accords équivoques. Celle-ci permet de restituer des institutions intervenant à la fois d’autorité et sous contrainte de légitimité. Elle ménage alors une place tant à la soumission aux règles qu’à leur critique et contournement, facteurs de changement
Mots-clés : Économie politique – Institutions – Changement – Rationalité – Coordination – Conflit.
Classification JEL : A12 – A13 – B25 – B52 – B41