Jury :
Résumé :
La question de la bonne consommation a disparu des préoccupations de la théorie économique contemporaine. Pensée à travers l'exercice d'une rationalité instrumentale, la décision du consommateur se fonde désormais sur un rapport technique avec les biens dans lequel autrui est écarté. La consommation consiste alors en l'exaltation d'une volonté qui n'est entravée que par une contrainte de revenu.
Nous proposons ici de relire trois auteurs qui se sont préoccupés de l'influence du regard d'autrui dans le choix de l'acteur tout en refusant d'assimiler celle-ci à la contrainte sociale à la manière de la sociologie classique. Peu étudiés dans cette perspective, nous montrons qu'Adam Smith, Gabriel Tarde et Thorstein Veblen ont consacré une grande partie de leur 'uvre à la question de la formation des interactions sociales par la consommation et ont insisté sur son influence dans la constitution des individus. Par une lecture attentive de leur théorie sociale, nous essayons en particulier d'identifier ce qui dans le rapport à l'autre permettrait au consommateur de se protéger du risque de perte dans l'illimitation de son désir.
Mots-clés : Adam Smith, Gabriel Tarde, Thorstein Veblen, Philosophie économique, Comportement du consommateur, Interactions sociales, Consommation ostentatoire, Histoire de la pensée économique.