XXXXIÈMES JOURNÉES ATM YAOUNDÉ 2026

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XXXXIèmes Journées ATM Yaoundé 2026
Université de Yaoundé 2
Du 1er au 3 juin 2026

DYNAMIQUES DE LA TRANSFORMATION STRUCTURELLE
DES ÉCONOMIES DES SUDS.
Intégration dans les chaînes de valeur régionales et mondiales,
enjeux environnementaux et défis sociaux.

 

 

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Argumentaire


La transformation structurelle a émergé au cours des deux dernières décennies comme un levier potentiel des politiques de développement des pays. Elle est définie comme un processus qui vise une mutation d’activités des secteurs à faible productivité (agriculture) vers des secteurs à haute productivité (dont l’industrie et les services). Ce processus est notamment central pour le positionnement des pays dans les chaînes de valeur mondiales (CVM) et peut jouer un rôle pour le développement des économies ou la lutte contre le changement climatique, par exemple par l’adoption des énergies renouvelables.


Transformation structurelle et chaînes de valeur mondiales (CVM)


La participation des économies des Suds aux Chaînes de Valeur Mondiales a considérablement augmenté ces dernières années. Elle est devenue une caractéristique importante du commerce international moderne, visant des opportunités de croissance économique, d’innovation ou de développement industriel. Cependant, cette participation nécessite une planification stratégique et des politiques appropriées. Ces évolutions laissent entrevoir d’importantes disparités. En effet, selon le dernier rapport de l’OCDE (OECD, 2025), 70 % du commerce mondial s’effectue dans le cadre des CVM entre les pays développés. Les pays qui ont réussi à s’intégrer dans ces CVM ont connu une croissance économique accélérée et une diversification productive. Par exemple, entre 2000 et 2022, la part de la Chine dans la production manufacturière mondiale a continué d’augmenter, atteignant environ 31 %, consolidant ainsi sa position de premier producteur mondial (UNIDO, 2023). De son côté, la Malaisie, en 2023, a enregistré une part significative des exportations des biens de haute sophistication (tels que des biens de luxe) en pourcentage de produits exportés de 53 %, dotant ce pays de la plus grande performance en Asie (World Bank, 2024).


La participation aux CVM peut offrir tant aux pays africains que latino-américains des opportunités de croissance économique, de création d’emplois et de développement industriel. L’Afrique subsaharienne, par exemple, représente moins de 3 % de la valeur ajoutée manufacturière mondiale en 2020 et 6,1% des exportations des biens sophistiqués en pourcentage de produits exportés. Pour ces pays, le défi résiderait alors dans l’augmentation des valeurs ajoutées agricoles et manufacturières locales, tout en réduisant la dépendance aux matières premières (UNIDO, 2021).


Changement climatique et énergies renouvelables


L’allongement des CVM se traduisant par une fragmentation de la production d’un bien entre plusieurs pays peut permettre aux entreprises de tirer parti des avantages comparatifs de chaque région, comme des coûts de main-d’oeuvre plus bas ou l’accès à des matières premières spécifiques. Cependant, cette fragmentation de la production entraîne une augmentation des échanges internationaux des biens intermédiaires, ce qui intensifie le fret international. Plusieurs travaux montrent que l’intensification des échanges et du fret international a des implications directes sur les émissions de gaz à effet de serre (GES). Le transport maritime, aérien et terrestre est une source majeure d’émission de CO2. Cette augmentation du fret international peut exacerber les émissions de GES, rendant la décarbonisation plus difficile.


L’adoption des énergies renouvelables constitue une condition essentielle pour réduire ces émissions tout en soutenant le développement durable. Cependant, la transition vers les énergies renouvelables est freinée par la dépendance aux énergies fossiles et le manque de financement. En 2023, les énergies renouvelables représentaient environ 30 % de la production mondiale d’électricité, poursuivant une croissance soutenue portée par les investissements dans le solaire et l’éolien (IRENA, 2023). Certains pays continuent de se démarquer par leur engagement exemplaire : ainsi, le Costa Rica maintient une part supérieure à 98 % d’électricité issue de sources renouvelables (REN21, 2023). Les investissements dans les énergies renouvelables sont non seulement nécessaires pour préserver l’environnement, mais ils présentent également des avantages économiques significatifs. En effet, selon plusieurs études, ils génèrent davantage d’emplois par dollar investi que les énergies fossiles, tout en stimulant l’innovation et la résilience énergétique (IRENA, 2023).


La transformation industrielle et la prise en compte des changements climatiques ainsi que la nécessité des énergies durables constituent dès lors des enjeux contemporains majeurs. La transition vers des énergies renouvelables et une intégration accrue dans les CVM sont interdépendantes. Les industries vertes, comme la production de panneaux solaires et de turbines éoliennes, deviennent de plus en plus importantes dans les CVM. Dans les faits, les pays qui réussissent à aligner leurs stratégies industrielles et énergétiques peuvent-ils aussi améliorer leur positionnement économique tout en contribuant de manière significative à la lutte contre le changement climatique ?


Chaînes de valeur mondiales, justice environnementale et sociale


La question de la modification structurelle des CVM à l’ère de l’anthropocène, où l’activité humaine est devenue la principale force de transformation des écosystèmes et du climat, est à la croisée des transformations écologiques, économiques et sociales planétaires. Les questions posées par les chaînes de valeurs incluent les questions de justice environnementale, en raison d’une pression souvent importante sur les ressources naturelles, sur les pollutions et la gestion des déchets induites par le système des chaînes de valeurs globales, et la montée des inégalités écologiques entre pays du Nord et du Sud.


Les CVM interrogent également la question du travail et de la consommation accessible. Elles reposent sur une logique de globalisation et donc d’externalisation et de délocalisation, souvent motivée par la recherche de coûts moindres.


De nombreuses problématiques sur le modèle se posent alors, entre autres :

  • l’extraction des ressources dans les pays du Sud, avec des impacts écologiques locaux et des enjeux de durabilité (pollution, déforestation, perte de biodiversité),
  • l’externalisation des coûts environnementaux : les effets négatifs sont souvent subis par les populations locales, plus vulnérables et non responsables des processus de production,
  • l’extraction de la valeur : le travail, en particulier issu des migrants ou réfugiés, est mis en compétition à l’échelle transnationale et subit des formes d’organisation productive ou logistique contre lesquelles les formes traditionnelles de résistance deviennent inopérantes.

Pour rendre les chaînes de valeur compatibles avec la justice environnementale et sociale à l’ère de l’anthropocène, plusieurs changements structurels s’avèrent nécessaires, ces transformations structurelles devant s’appuyer sur des enjeux et des acteurs locaux.

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