Le concept de « dette publique », pris dans sa dimension macroéconomique, est-il le bon concept pour la réalité qu’il tente d’appréhender ? Rien n’indique d’emblée qu’une « dette publique » macroéconomique soit nécessairement une dette, c’est-à-dire une réalité à rembourser. En effet, un État, au caractère prétendument infini, peut continuellement en ajourner le remboursement, en roulant ses contrats de dette publique microéconomiques. Dire qu’une « dette publique » macroéconomique a toujours les propriétés d’une dette revient à naturaliser cette réalité sous la forme d’une somme à rembourser, et à nier le fait qu’elle puisse éventuellement ne jamais avoir à l’être. L’article révèle ainsi le caractère performatif du concept de « dette publique » : il ne constate pas la préexistence d’une « dette publique » macroéconomique, mais appelle à la faire exister comme telle en la nommant ainsi. D’où l’intérêt symbolique de réussir à penser la « dette publique » macroéconomique autrement que comme une dette. L’article propose un nouveau concept pour remplacer celui de « dette publique » macroéconomique.
Mot(s) clé(s)
dette publique ; holisme méthodologique ; propriétés d’émergence ; performativité ; pouvoir symbolique