Xavier Chojnicki, Lionel Ragot, Ndeye Penda Sokhna
- Résumé
- Cet article évalue la contribution nette de l’immigration aux finances publiques en France depuis la fin des années 70. Nous développons une méthode comptable qui désagrège le déficit public primaire entre la contribution propre à la population des immigrés et celle des natifs. Cette contribution nette est calculée comme la différence entre les taxes, cotisations et impôts divers qu’ils versent aux finances publiques et l’ensemble des bénéfices qu’ils en retirent. Un des apports de cet article est de calculer cette contribution nette sur une période de temps relativement longue (1979-2011). Nous montrons que la contribution nette des immigrés a généralement été négative sur l’ensemble de la période, mais qu’elle n’a jamais été à l’origine du déficit primaire de la France. Leur contribution est toujours restée contenue en deçà de +/-0; 5% du PIB (réduit à +/-0; 2%, si on fait exception de l’année 2011). Cette relative neutralité de la population immigrée sur les comptes publics
s’explique par une structure démographique favorable, qui compense leur moindre contribution nette individuelle. La crise de 2008, comparée à la récession des années 90, a eu des effets plus marqués. Alors que les immigrés expliquent 8,3% du déficit primaire par habitant en France en 1995 (comparable à leur poids dans la population totale), cette part est de plus de 17% en 2011. Cette différence s’explique en grande partie par le fait que les actifs immigrés ont été beaucoup plus touchés que les actifs natifs durant la crise de 2008, en particulier les moyennement et hautement qualifiés. Les années 2000 ont également vue la contribution nette par tête des immigrés originaires de l’Union Européenne se dégrader sensiblement et rejoindre celle des immigrés originaires de pays tiers.
- Mot(s) clé(s)
- Migration internationale, Finances publiques, Protection sociale