Edité par Eve Caroli et Jérôme Gautié Editions Rue d'Ulm - septembre 2009 Collection : du Cepremap
Les pays industrialisés avancés ont connu de profondes mutations économiques au cours des vingt-cinq dernières années : globalisation croissante, déréglementation de nombreux secteurs, diffusion de nouvelles technologies et formes dorganisation du travail Ces mutations se sont traduites par une pression concurrentielle accrue sur les entreprises, qui ont été amenées à modifier radicalement leur mode de gestion, et notamment la gestion de leur main-duvre. Quelles en ont été les conséquences pour les travailleurs peu qualifiés et peu rémunérés ?
Si beaucoup de travaux traitent des répercussions de cette évolution en termes de niveau demploi et de chômage, cest à la qualité de lemploi que lon sintéresse ici. Cette qualité renvoie, au-delà de la seule rémunération, à lensemble des conditions de travail. Le cas français est situé par rapport à celui dautres pays européens (Allemagne, Danemark, Pays-Bas et Royaume-Uni) et des enquêtes de terrain ont été conduites de manière approfondie dans six secteurs : lindustrie agroalimentaire, les hôpitaux, les hôtels, la grande distribution, les centres dappel et lintérim.
Il en ressort que si, en France, la part des travailleurs à bas salaire est relativement faible, leurs conditions de travail sont particulièrement dures. Cette spécificité découle de notre modèle de régulation du marché du travail : les règles juridiques sont nombreuses (du smic à lencadrement des contrats temporaires), mais les contre-pouvoirs effectifs sur les lieux de travail sont insignifiants dans beaucoup de secteurs. Cela tient pour lessentiel à la faiblesse et à la division des syndicats, mais aussi à un niveau de chômage élevé qui contribue à saper le pouvoir de négociation des travailleurs les plus vulnérables.