Mohamed Mehdi Aït-Hamlat, Saïd Souam
- Résumé
- Cet article étudie l'interaction multiforme entre la criminalité et le terrorisme dans le cadre d'une théorie des jeux englobant trois acteurs clés : un gouvernement, un groupe terroriste et une population. En modélisant la manière dont chaque acteur répartit ses ressources entre le terrorisme, les activités criminelles, le contre-terrorisme et les efforts de lutte contre la criminalité, nous expliquons les dépendances stratégiques qui façonnent la politique et le comportement des groupes. Un aspect distinctif de notre analyse est la capacité de la population à soutenir l'action du gouvernement, en se substituant effectivement à une partie des ressources antiterroristes de l'État dans certaines conditions. Nous montrons qu'un groupe terroriste confronté à des opportunités criminelles rentables peut détourner ses efforts de la violence terroriste, bien que cette réorientation dépende essentiellement de l'allocation des ressources du gouvernement et de la menace perçue par la population. Les statiques comparatives illustrent comment les changements de paramètres tels que les coûts de la criminalité ou du terrorisme, les attitudes du public à l'égard de la violence et les budgets gouvernementaux influencent les résultats d'équilibre. Nous montrons qu'une attention accrue des pouvoirs publics à l'égard d'une menace (terrorisme ou criminalité) peut involontairement renforcer l'autre, ce qui souligne l'importance de mesures politiques équilibrées. Nos conclusions jettent un nouvel éclairage sur la relation symbiotique entre les activités terroristes et criminelles, et permettent de comprendre comment des interventions politiques coordonnées, couvrant l'application de la loi, le développement socio-économique et la sensibilisation du public, pourraient perturber plus efficacement la relation entre le crime et le terrorisme.
- Mot(s) clé(s)
- Terrorisme, crime organisé, nexus crime-terrorisme, politiques publiques, théorie des jeux