Mathieu Bunel, Marie-Noëlle Lefebvre, Elisabeth Tovar, Laetitia Tufféry
- Résumé
- La discrimination sur le marché du logement locatif est un problème persistant et les mécanismes qui sous-tendent la prise de décision biaisée restent encore insuffisamment explorés. Si des travaux qui mobilisent la méthode du testing ont largement documenté la discrimination par l'origine, elles ne peuvent, par nature, pas saisir l'ensemble du processus décisionnel ou à contrôler les facteurs liés à l'offre, tels que les préférences des propriétaires. Dans ce questionnaire expérimental (survey experiment), nous avons demandé à 723 étudiants dans une école en immobilier d'évaluer 2.169 candidatures de locataires, en manipulant à la fois les facteurs liés à la demande (signaux d'origine, statut social et mixité ethnique de la concurrence) et ceux liés à l'offre (préférences des propriétaires et qualité des biens). Nos résultats montrent que la couleur de la peau suscite une discrimination plus forte que les indices ethniques basés sur le nom, et qu'un statut social élevé modère de manière significative la discrimination à l'égard des minorités. En outre, les préférences des propriétaires jouent un rôle crucial dans les décisions des agents immobiliers. L'étude met également en évidence des effets de concurrence, montrant que la discrimination est plus prononcée lorsque les candidats minoritaires sont en concurrence avec les candidats majoritaires. En mettant en lumière l'interaction entre les caractéristiques des candidats, les conditions du marché et les processus décisionnels, notre étude contribue à une meilleure compréhension de la discrimination sur le marché de la location et suggère des pistes pour des interventions politiques.
- Mot(s) clé(s)
- discrimination, questionnaires expérimentaux, marché immobilier locatif